L‘Assurance maladie vient de lancer une campagne grand public "Mal de dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement", pour diffuser les messages essentiels sur la lombalgie et lutter contre les idées fausses. Parallèlement, avec l’appui d’un groupe d’experts, elle va promouvoir un parcours optimisé auprès des médecins généralistes et de l’ensemble des professionnels de santé concernés par le mal de dos.
L’Assurance maladie vient de lancer une campagne majeure sur les lombalgies, diffusée largement depuis le 17 novembre en TV, affichage et digital. Elle envoie un message fort : "En cas de mal de dos, le maintien de l’activité physique est la meilleure voie de guérison". "Pour répondre aux enjeux humain, sanitaire, social et économique que représente cette pathologie, l’Assurance maladie a mis en place un groupe de travail pluridisciplinaire pour clarifier le sujet, avec une idée directrice : proposer au patient une modalité de prise en charge simple qui fasse l’objet d’un consensus interprofessionnel", a expliqué le Pr Olivier Lyon-Caen, médecin-conseil national de la Cnamts, intervenant lors de la conférence de presse de présentation de la campagne. Le groupe de travail a été constitué d’experts de plusieurs organisations professionnelles : le Collège de la médecine générale, le Collège de la masso-kinésithérapie, la Société française de rhumatologie, la Société française de médecine physique et de réadaptation et la Société française de médecine du travail. L’association de patients Aflar (Association française de lutte antirhumatismale) a également été consultée dans ce cadre. Sur la base des recommandations médicales*, le groupe de travail a fait émerger les points clés pour réduire le risque de passage à la chronicité, sous forme de repères pour les professionnels de santé concernés : le médecin généraliste, en première ligne, ainsi que les autres professionnels médicaux et paramédicaux: les masseurs-kinésithérapeutes, les rhumatologues, les médecins du travail, les médecins de rééducation physique, etc. Ces points clés se résument en quelques messages simples : – vérifier l’absence des drapeaux rouges, leur présence écartant le diagnostic de lombalgie commune ; – chercher les indicateurs psychosociaux associés à un risque accru de passage à la chronicité (drapeaux jaunes) ; – expliquer, rassurer, réduire les peurs, surtout s’il existe des drapeaux jaunes ; – favoriser l’activité physique (vie quotidienne, travail) ; – une fois la douleur disparue, mettre en place une rééducation active. Le Pr Lyon-Caen a rappelé que face à une lombalgie, le médecin doit répondre à deux questions. "En premier lieu, s’agit-il d’une lombalgie commune ? Pour cela et dès la première consultation, il faut s’assurer de l’absence de drapeaux rouges. Ce sont des signes cliniques simples. Il n’y en a pas dans la lombalgie commune." Ces drapeaux rouges des lombalgies sont les suivants : – Âge d’apparition inférieur à 20 ans ou supérieur à 55 ans ; – Traumatisme important récent ; – Douleur de type non mécanique : douleur d’aggravation progressive, présente au repos et en particulier durant la nuit ; – Douleur thoracique ; – Antécédent de cancer ; – Usage prolongé de corticoïdes ; – Usage de drogue intraveineuse, immunodépression ; – Altération de l’état général ; – Perte de poids inexpliquée ; – Troubles neurologiques (déficit du contrôle des sphincters vésicaux ou anaux, atteinte motrice des membres inférieurs, troubles sensitifs du périnée) ; – Déformation structurale importante de la colonne vertébrale ; – Fièvre. En second lieu, et toujours dès la première consultation, il faut chercher des signes dont la présence est associée au risque de passage à la chronicité (les drapeaux jaunes). Là encore ces signes sont cliniques. Ces drapeaux jaunes sont au nombre de quatre : attitudes et représentations du patient inappropriées par rapport au mal de dos, telles que l’idée que la douleur représenterait un danger et qu’elle pourrait entraîner un handicap grave, ou un comportement passif du lombalgique avec attentes de solutions placées dans des traitements plutôt que dans une implication personnelle active ; comportements inappropriés face à la douleur, en particulier d’évitement ou de réduction de l’activité, liés à la peur ; problèmes liés au travail (insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile) ou problèmes liés à l’indemnisation (rente, invalidité) ; problèmes émotionnels tels qu’une dépression, de l’anxiété, du stress, une tendance à une humeur dépressive et à l’isolement. Face à cette lombalgie commune, "il faut soulager la douleur, expliquer, apaiser et accompagner avec d’autant plus de vigilance qu’il existe des drapeaux jaunes", souligne le Pr Lyon-Caen. "Expliquer, c’est partager, c’est rassurer sur la bénignité de la lombalgie, c’est indiquer que les examens complémentaires sont inutiles à ce stade, c’est insister enfin sur l’importance du maintien ou d’une reprise rapide d’une vie active". Conçus par l’Assurance Maladie en collaboration avec le groupe d’experts, un livret d’information pour les professionnels de santé et la brochure patient sont diffusés auprès des médecins généralistes par les délégués de l’Assurance maladie et sont également téléchargeables sur ameli.fr. L’espace "professionnels de santé" du site ameli.fr héberge les recommandations pour éviter le passage à la chronicité, les messages clés pour les patients souffrant de lombalgie aiguë, ainsi que tous les contenus du programme de sensibilisation sur la lombalgie. Ces contenus sont enrichis de vidéos et de visuels. *-Anaes : « Diagnostic, prise en charge et suivi des malades atteints de lombalgie chronique », décembre 2000. -Anaes : « Prise en charge diagnostique des lombalgies et lombosciatiques communes de moins de trois mois d’évolution », février 2000. -HAS : « Prise en charge masso-kinésithérapique dans la lombalgie commune : modalités de prescription », mai 2005. CMG – Lombalgie commune en médecine générale, Avril 2017. -Société française de médecine du travail « Surveillance médico-professionnelle du risque lombaire pour les travailleurs exposés à des manipulations de charges», septembre 2013, en partenariat avec : Institut national de recherche et de sécurité (INRS), Société française de rhumatologie (SFR), Inserm, Société française de médecine physique et réadaptation (Sofmer), Service de santé au travail et éducation pour la santé de l’université de Liège (STES) (document labellisé HAS). -Recommandations européennes 2006 COST B13, NICE 2016 guideline NG59 pour le Royaume-Uni, KCE 2017 reports vol 287B pour la Belgique, et internationales (Guideline for the evidence-informed primary care management of low back pain pour le Canada ; diagnosis and treatment of low back pain : a joint clinical practice - Guideline from the American College of Physicians pour les États-Unis).
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