Vaccins contre le Covid : la "prudence exprimée par certains médecins" alimente la "méfiance" du grand public, alerte l'Académie
"Moins d'une année après l'émergence de la pandémie, 180 candidats-vaccins sont en cours de développement, parmi lesquels 48 sont en phase d’essai clinique chez l’homme dont 11 en phase 3." Alors que l'agence européenne du médicament (EMA) devrait délivrer une AMM pour l'un de ces vaccins le 29 décembre, la "proximité inattendue" d'une campagne de vaccination lancée dès le mois de janvier "réveille une hésitation vaccinale dont la France aurait le regrettable privilège d’être le porte-drapeau", relève l'Académie de médecine dans un communiqué du 14 décembre. D'après l'enquête CoviPrev de Santé publique France, 53% de la population était prête à se faire vacciner en novembre, contre 64% en juillet. Chez les professionnels de santé libéraux, le taux moyen s'établit à 68%, avec des fortes disparités entre les médecins et pharmaciens (environ 80%) et les infirmières (55%). Dans un contexte de "perte de confiance" de la population de l'autorité sanitaire et de "défiance irraisonnée envers des vaccins de conception nouvelle développés en un temps record", les déclarations médiatiques de certains médecins ne sont pas passées inaperçues. "La prudence exprimée par certains médecins soucieux de connaître les résultats définitifs des essais de phase 3, puis alléguant le manque de recul pour se forger une opinion, amplifiée et parfois dévoyée par les médias, conforte un sentiment de méfiance dans le grand public", pointe l'Académie. Dans le viseur, les propos du Pr Eric Caumes, chef du service d'infectiologie à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP), qui avait déclaré sur France Inter le 8 décembre : "Me vacciner avec des produits que je ne connais pas, dont je n’ai des informations que par les communiqués de presse des laboratoires, c’est leur faire une confiance aveugle et absolue". Taclé par Olivier Véran, l'infectiologue a modifié sa position depuis, après avoir lu le dossier scientifique de Pfizer/BioNTech et l'article paru dans le NEJM. Interrogé sur France 5 dimanche, il a finalement jugé le vaccin "très efficace", bien que la fréquence des effets indésirables soit "un peu plus grave que pour d'autres vaccins", et a assuré qu'il se ferait vacciner.
"Les performances des premiers vaccins disponibles utilisant la technologie nouvelle de l’ARN messager, produits par Pfizer-BioNTech et Moderna, suscitent de grands espoirs avec un rapport bénéfices/risques très favorable, quand bien même des études complémentaires restent nécessaires, notamment pour préciser la durée de la protection et l’impact sur la transmission", insiste de son côté l'Académie, qui attend avec impatience la délivrance de l'AMM par l'EMA qui, espère-t-elle, "permettra de lever toute réticence au sein du corps médical français et de motiver l’ensemble du personnel soignant pour contribuer au succès du programme national de vaccination". "Seule, l’initiation précoce d’une campagne internationale de vaccination de grande ampleur permettra de contrôler cette pandémie au cours de l’année 2021."
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus