La guerre est déclarée entre les médecins et les responsables politiques qui ont dénoncé lundi dernier, des salaires "parfois indécents" dans la profession, jusqu'à 1 million de francs suisses (860 700 euros). Les médecins se défendent et se disent victimes d'un acharnement.
Comme si les politiques s'étaient donné le mot, pour tirer à vue sur le salaire des médecins. La première salve a été tirée lorsque le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia, a lancé : "Nous estimons les revenus des chirurgiens proches au minimum du million". Deux heures plus tard, lors d'une conférence nationale sur la santé à Berne, le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard a affirmé que les mesures récentes prises par le Conseil fédéral, "sont un aimable apéritif devant ce qui attend les médecins dans trois ou quatre ans s'ils ne se réveillent pas". Quant au président de la Confédération Alain Berset, qui cite Mauro Poggia, il a déclaré que "de tels salaires ne sont pas acceptables. Il y a certes beaucoup d'études et d'engagements, mais qui peut justifier un salaire pareil sur le dos" des assurés ? Le président de la Société vaudoise de médecine Philippe Eggimann s'est dit "extrêmement choqué" par le fait que le président de la Confédération soit sorti de son devoir de réserve. Il a précisé que les très hauts revenus dont il est fait mention ne concerneraient "qu'une infime minorité des 40 000 médecins suisses". De plus, ces hauts revenus seraient à la charge des assurances complémentaires des patients, et ne grèveraient donc en rien l'assurance maladie de base. Les médecins vaudois ont demandé au conseiller fédéral chargé de la Santé de se rétracter. En 2016, explique rts.ch, le chiffre d'affaires moyen des cabinets vaudois était estimé à 422 000 francs suisses (363 400 euros), soit une rémunération nette d'environ 200 000 francs (172 000 euros). Dans les hôpitaux romands, un médecin touche généralement un salaire de base, puis il est ensuite rémunéré à l'acte. Selon les recherches de la RTS, la plupart des médecins-chefs en hôpital gagnent entre 300 000 et 550 000 francs par an (entre 258 200 et 473 370 euros). A noter qu'aucune statistique fiable sur les salaires des médecins n'a été publiée depuis 2009, la FMH (Fédération des médecins suisses) ayant cessé de rendre publics les revenus des médecins, pour ne pas entraîner des combats internes entre généralistes et certains spécialistes. Mais à cette date, les dernières statistiques faisaient état de revenus éloignés du million. Les salaires s'étageaient alors de 107 000 francs (92 100 euros) pour un psychiatre pour enfants à 375 000 francs (323 000 euros) pour un gastro-entérologue. Invitée sur le plateau du 19h30 mardi, la conseillère nationale Isabelle Moret demande davantage de transparence. Cette responsable hospitalière vaudoise admet que "ce n'est pas uniquement avec les revenus des médecins qu'on agira sur les coûts de la santé. Mais il faut oser faire sauter tous les verrous." La révision du Tarmed, (le tarif des actes médicaux), a été refusée l'an passé, "en particulier par la FMH, sous l'influence des médecins spécialistes", rappelle-t-elle. Pour la conseillère nationale, "les spécialistes doivent un peu lâcher du terrain. (…) L'excellence se paie, mais la médecine n'est pas un métier libéral comme un autre", estime-t-elle car une partie des revenus des médecins provient de la prime d'assurance maladie que chacun paie. "De la même manière que le contribuable a le droit de savoir où va son argent, ceux qui paient des primes d'assurances maladie ont le droit de savoir où va leur argent". [Avec rts.ch]
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