"Il y a pour l’instant peu d’actions concrètes pour la transformation écologique du système de santé"
Diriez-vous qu’il y a une prise de conscience climatique au sein du système de santé? Oui, elle est assez récente, mais elle se diffuse à grande vitesse. Comme l’ensemble de la société, les acteurs du système de santé sont de plus en plus sensibles à cet enjeu, et ils ont bien noté notre fragilité face aux différentes crises. C’est pourquoi de plus en plus de personnes estiment que pour répondre à leurs engagements au sein de leur profession, il est indispensable d’agir pour la transformation de notre système de santé.
Comment qualifieriez-vous le degré de maturité au sein de la fonction publique? Il y a pour l’instant peu d’actions concrètes ou de grandes stratégies au niveau national pour réellement prendre en compte la transformation écologique du système de santé. Les actions sont encore portées localement, par des professionnels en ville ou en établissement, et on manque d’une coordination pour passer à la vitesse supérieure. Comment, au sein du Lierre, entendez-vous agir dans cette direction? Nous voulons être force de proposition, donner des pistes concrètes pour agir, et nous venons justement de sortir une première note sur la transformation écologique de l’hôpital, qui s’inscrit dans une série de notes sur la transformation écologique des services publics. On ne peut pas penser la transformation écologique de notre société sans traiter la santé publique. C’est pourquoi nous serons amenés à poursuivre ce travail, notamment sur la santé environnementale. Comment votre réseau fonctionne-t-il? Nous sommes un réseau de près de 1200 hauts fonctionnaires, cadres, experts des politiques publiques partout en France, dont 10 à 15% travaillent dans le secteur de la santé, qu’ils soient issus de la fonction publique hospitalière, de la Sécurité sociale, etc. Nous avons aussi quelques professionnels de santé qui participent à nos travaux. Nous fonctionnons avec différents groupes de travail locaux ou thématiques, et nous visons le développement de groupes d’échanges entre pairs.
Comment vit-il l’écart manifeste entre les discours publics sur la transformation écologique du système de santé, qui faisait par exemple l’objet d’une mesure du Ségur en 2020, et les réalisations concrètes? Quand on regarde les derniers textes, y compris le dernier PLFSS on trouve peu ou pas de mesures structurantes accompagnées des moyens financiers nécessaires. C’est d’ailleurs le constat qu’ont dressé nos membres lorsque nous les avons consultés en amont du CNR. L’une des mesures concrètes prises par le gouvernement est tout de même la formation des responsables publics aux enjeux climatiques, qu’en pensez-vous? Nous étions bien sûr satisfaits de cette annonce, mais ce n’est à nos yeux qu’une première étape : il faut que des moyens d’action soient donnés aux hauts fonctionnaires pour accompagner ces formations, et que toutes les fonctions publiques soient concernées. Il faudrait par ailleurs ne pas se limiter aux hauts fonctionnaires: les responsables médicaux et paramédicaux devraient également pouvoir être touchés.
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