Du paracétamol efficace 30 ans après la date de péremption : l’UFC-Que choisir veut mettre fin à un grand "gâchis"
Une enquête menée par l’UFC-Que Choisir et dévoilée ce jeudi 19 septembre montre que 80% des médicaments périmés à base de paracétamol ou d’ibuprofène sont toujours efficaces jusqu’à 30 ans après leur date de péremption. Dénonçant un grand "gâchis", l’association de consommateurs a saisi l’ANSM.
L’UFC-Que choisir a récemment fait tester l’efficacité de médicaments périmés afin d’évaluer la pertinence des dates de péremption apposés sur les boîtes par les laboratoires pharmaceutiques. Elle a cherché à connaître la quantité de substances actives dans 30 boîtes de comprimés, gélules ou sachets de paracétamol ou d’ibuprofène périmés.
Le résultat est "sans appel", indique l’association dans un article publié ce jeudi : "Dans 80% des cas, les médicaments contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces." Pour l’affirmer, elle s’est appuyée sur la norme établie par la Food and Drug Administration (FDA)*, "selon laquelle ces médicaments sont considérés comme étant efficaces s’ils contiennent une substance active correspondant à au moins 90% de celle affichée sur la boîte".
L’UFC-Que choisir soutient par ailleurs qu’"il n’y a aucune relation entre l’année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente". Preuve en est, ajoute-t-elle dans son article, "du paracétamol censé être périmé depuis 1992 présente encore… 100 % de substance active".
D’après un test exclusif, 80 % des médicaments "périmés" à base de paracétamol ou d’ibuprofène restent efficaces jusqu'à 30 ans après leur date de péremption. L'@UFCquechoisir dénonce un véritable gaspillage économique, environnemental et sanitaire et saisit l'@ansm … pic.twitter.com/5Ii9KbP5pr
— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) September 19, 2024
L’ANSM saisie
Ces constats sont "particulièrement inquiétants", écrit l’association, qui soulève des "impacts majeurs". D’abord, en termes économiques, "puisque cela engendre un renouvellement plus rapide des médicaments qui a un coût pour le système hospitalier et l’Assurance maladie lorsqu’il s’agit de médicaments prescrits, et pour les malades (franchises médicales, achats dans le cadre de l’automédication".
C’est aussi une véritable "gabegie environnementale" et "sanitaire", dénonce l’UFC. Cela est notamment "de nature à augmenter artificiellement la demande de médicaments et à participer aux pénuries ou aux tensions d’approvisionnement".
L’association de consommateurs a ainsi décidé de saisir l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la sommant de "faire évoluer" le cadre réglementaire afin d’éviter "ce gâchis". Des mesures simples pourraient être prises en ce sens, assure-t-elle, comme "limiter les prescriptions" ou "favoriser la délivrance à l’unité des médicaments". L’UFC s’interroge par ailleurs sur la vision "beaucoup plus restrictive" de l’ANSM "que les autorités américaines pour déterminer si un médicament conserve ou non ses vertus thérapeutiques".
"D’autre part, il est curieux que dans ce cadre général les laboratoires puissent déterminer de manière purement discrétionnaire la date de péremption des médicaments (généralement de 3 ans pour ceux que nous avons testés)", souligne l’association. "Rien ne les oblige à étendre cette date, quand bien même ils sauraient pertinemment garantir l’efficacité des médicaments au-delà ! De quoi se demander si de leur point de vue, les critères économiques prennent le pas sur les critères scientifiques…", peut-on lire.
*l’autorité américaine de médicaments
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