Un membre de la Chambre des représentants a commandité une enquête parlementaire sur une thèse pour le moins audacieuse : le rôle joué par les recherches secrètes du Pentagone dans la dissémination de la maladie de Lyme aux États-Unis. Il y a des jours où la politique française paraît bien sage au regard des péripéties outre-Atlantique. Le député américain Chris Smith, élu républicain du New Jersey depuis 40 ans et très investi dans la défense des droits de l'Homme, vient de déposer un amendement pour le moins surprenant. Il demande au Parlement américain de faire la lumière sur le rôle du Pentagone dans la dissémination de la maladie de Lyme aux États-Unis. "Avec l'explosion du nombre de cas de maladie de Lyme et d'autres maladies à tiques aux États-Unis – on estime entre 300 000 et 437 000 le nombre de nouveaux cas diagnostiqués chaque année et 10 à 20 % de ces patients souffrent d'une maladie de Lyme chronique –, les Américains ont le droit de savoir ce qu'il en est", a-t-il déclaré à la Chambre le 11 juillet dernier. "Ces expériences ont-elles pu provoquer la mutation et la dissémination de la maladie de Lyme et des autres maladies à tiques ?" Puces, moustiques, et… tiques ? Pour fantaisiste qu'elle paraisse, l'idée s'appuie sur quelques faits établis. Le département de la défense américain a en effet expérimenté l'utilisation d'insectes (puces et moustiques) comme armes biologiques potentielles aux débuts de la Guerre froide. Le député du New Jersey demande aux parlementaires d'établir un rapport d'enquête sur le périmètre de ces expériences entre 1950 et 1975, afin notamment de savoir si des tiques ont pu être relâchées dans la nature, par erreur ou à dessein. Deux centres d'expérimentation, à Fort Detrick (Maryland) et Plum Island (New York) sont soupçonnés. L'amendement a été approuvé par les députés et ajouté à la loi de programmation militaire 2020 des États-Unis. L'enquête parlementaire sur le lien entre guerre entomologique et maladie de Lyme devrait donc voir le jour. De la "science-fiction" infectiologique Sur son site, Chris Smith explique avoir notamment été inspiré par un ouvrage paru en mai, intitulé Bitten: The Secret History of Lyme Disease and Biological Weapons (non traduit en français). Le livre revient sur le parcours de Willy Burgdorfer, l'entomologiste américain (d'origine suisse) qui a découvert la bactérie responsable de la maladie de Lyme en 1981, baptisée Borrelia burgdorferi en son honneur. Signé par l'autrice d'un documentaire controversé sur Lyme, il affirme que le scientifique aurait participé à des recherches secrètes sur les armes biologiques. Pour Michael Osterholm, directeur du centre d'étude des maladies infectieuses de l'université du Minnesota, cité par le Washington Post, l'hypothèse relève de la "science-fiction". La maladie de Lyme a été identifiée en 77 à Old Lyme (Connecticut), mais l'homme n'est pas une espèce-réservoir de la bactérie. Pour cet éminent expert en infectiologie, la diffusion initiale de la maladie aux États-Unis est liée à l'essor de la population de cerfs de Virginie, consécutive à la Grande dépression des années 30. Elle a ensuite été favorisée par l'extension urbaine et le réchauffement climatique. [Avec The Hill et The Washington Post]
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