Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, Édouard Philippe, une dizaine de médecins français plaident pour la pleine intégration des médecins à diplôme étranger engagés dans la lutte contre la pandémie. Voici leur lettre telle qu’elle nous a été transmise.
Monsieur le Premier Ministre,
En cette période de pandémie qui mobilise l'ensemble des forces et des compétences dans le pays pour y faire face, certains s'engagent avec abnégation dans les postes les plus exposés aux urgences et dans les services de réanimation. Parmi ceux-là, un grand nombre sont des médecins au statut précaire qui, avec leurs confrères, maintiennent le fonctionnement du service hospitalier dans la bourrasque et sauvent des vies dans des conditions difficiles matériellement, mais aussi périlleuses pour eux-mêmes. Un reportage récent à l'Hôpital Delafontaine à Saint-Denis démontrait clairement comment cet hôpital ne pouvait remplir sa mission sans eux, mais c'est également le cas de nombreux centres hospitaliers et de nombreux services.
Ces médecins à diplôme étranger qui luttent au quotidien méritent la reconnaissance de la République pour leur engagement en première ligne alors que leur salaire est souvent dérisoire par rapport à ceux de leurs collègues, et qu'ils risquent de retourner à la précarité et à l'incertitude sur leur avenir en France une fois la crise surmontée. Ils sont à nos côtés dans une période où tous les soignants risquent leur vie tous les jours au service de notre pays. Leur courage ne doit pas rester sans reconnaissance de la Nation. C'est pourquoi nous vous demandons, par souci de justice, d'engager immédiatement l'intégration pleine et entière dans le système de santé de tous ces praticiens afin que leur dévouement ne soit pas occulté, comme cela a pu être le cas dans certaines périodes de l'Histoire de notre pays. Ils pourront ainsi poursuivre leur mission au service des malades, une fois la pandémie passée, comme le font aujourd'hui tous les soignants. Nous vous remercions, Monsieur le Premier Ministre, de bien vouloir prendre en considération notre demande qui honorerait la République, et nous vous assurons de notre plus profond respect.
Amine BENYAMINA, psychiatre addictologue ; Patrick AEBERHARD, cardiologue ; Bernard BASSET, médecin de santé publique ; Sadek BELOUCIF, anesthésiste réanimateur ; François BOURDILLON, médecin de santé publique ; Michel CYMES, médecin hospitalier ; Axel KAHN, médecin généticien ; Bernard KOUCHNER, médecin, ancien ministre ; Marion LEBOYER, psychiatre ; Maurice MIMOUN, chirurgien ; Frédéric ROUILLON, psychiatre ; Madjid SIHOCINE, gériatre ; Mathias WARGON, médecin urgentiste.
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