"Nous sommes en plein 'moment ChatGPT'. La révolution de l’intelligence artificielle (IA) générative se diffuse à grande vitesse et sature magazines et écrans. Certes, il faut prendre du recul par rapport à cet effet de vapeur médiatique qui charrie beaucoup de supputations non étayées et de fantasmes. Pour autant, la rupture technologique est bien réelle. Pour l’IA générative d’abord, nous sommes en présence d’une nouvelle vague de solutions transformant radicalement la compétence et la puissance des agents conversationnels, avec de nombreux cas applicatifs possibles en santé. Cette phase d’accélération comprend un autre volet plus immédiat. "ll ne faut pas craindre la disparition des médecins" La focale mise sur ChatGPT 'décomplexe' les acteurs de santé sur le recours aux dispositifs d’IA 'de la génération d’avant'. Traumatologie aux urgences, mammographie, dermatologie, ophtalmologie: toutes ces spécialités à haut niveau de requérance en interprétation d’images connaissent une phase sans précédent de diffusion de solutions d’IA sur le terrain. Dans ce contexte, il ne faut pas craindre la disparition des médecins, et plus largement des soignants. Après la vapeur médiatique, c’est du fantasme de la vaporisation des médecins dont il faut aussi se départir. Car c’est bien une opportunité majeure de simplification des conditions d’exercice et d’amélioration de la qualité de vie au travail qu’il faut saisir. Pour les patients, cela donne des potentialités nouvelles d’accès plus précoce aux diagnostics de spécialités. Dans ce contexte, le rôle du médecin généraliste est appelé à s’élargir: il a vocation à se positionner en premier agent d’accès à l’IA de spécialité, en temps réel ou en différé. Cette supervision humaine est désormais une obligation prévue par la loi de bioéthique française et le règlement européen sur l’IA. Sur le terrain, les généralistes auront un rôle essentiel de premier rempart pour éviter la perte de contrôle humain dans le recours à l’IA. À eux de se structurer en écosystèmes de garantie humaine de l’IA – comme une dizaine de spécialités l’ont fait – et prendre la main pour conserver le regard humain au cœur de la relation avec le patient."
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