IPA aux urgences : ces patients qu'elle pourrait prendre en charge en autonomie
En coulisses, la bataille pour l'IPA urgences fait rage. Annoncée à la rentrée 2019 comme une réponse à la crise des services, l'introduction de ce nouveau métier aux urgences fait débat. Un projet de décret et trois projets d'arrêté, qu'Egora a pu consulter, ont été soumis jeudi 24 juin au Haut Conseil des professions médicales. Le projet de décret inscrit le domaine d'intervention "urgences" dans le diplôme de l'IPA, et met en place un "parcours paramédical" aux urgences. Les arrêtés définissent les motifs de recours et situations cliniques qui seront pris en charge par l'IPA dans ce parcours, ainsi que la liste des actes et prescriptions que l'infirmière sera habilitée à réaliser en autonomie. Enfin, ils amendent les référentiels de formation et de compétences en vue de la rentrée 2021 : les premières IPA urgences, de niveau master, pourraient ainsi être diplômées à l'été 2023.
Dans le "parcours paramédical", l'IPA traitera notamment les hernies, vomissements/diarrhées sans signe de gravité, les ingestions de corps étranger, les brûlures mictionnelles, les otalgies ou angines, les céphalées, les abcès, les brûlures, morsures, piqures, les plaies superficielles, les traumatismes crâniens sans perte de connaissance, les hypoglycémies sans altération de la conscience ou encore les insolations. Elle sera pour cela apte à effectuer sans prescription médicale plusieurs actes, tels une échographie de la vessie, une pose de sonde gastrique ou de sonde vésicale à demeure, des consultations psychiatriques, des plâtres, des sutures (sauf visage et mains)… Elle pourra prescrire des examens biologiques et renouveler ou adapter certaines prescriptions, notamment des actes de rééducation, des bons de transport ou des arrêts de travail. "Ne cédons pas au corporatisme" En parallèle, les textes listent les motifs de recours et situations cliniques qui n'entrent pas dans ce "parcours paramédical" mais dans le parcours "médico-paramédical", telles les douleurs thoraciques ou abdominales, les dyspnées, les intoxications, les convulsions, les déficits moteur sensitif sensoriel ou du langage, ou encore les diarrhée et vomissements du nourrisson. De même, un certain nombre d'actes...
ne peuvent être pratiqués en autonomie par l'IPA : pose d'un cathéter veineux profond, d'une ventilation non invasive, ponction d'ascite, aide à la réduction de fracture… Dans un communiqué diffusé jeudi 24 juin, l'Ordre national des infirmiers a fait part de sa déception. "Contrairement au texte initial qui portait une réelle ambition pour la profession, au service des patients et d’un meilleur fonctionnement des urgences, le texte présenté limite l’autonomie de l’infirmier en pratique avancé", déplore-t-il. Son président, Patrick Chamboredon, fait part de son "incompréhension face à ce recul du Gouvernement". Il évoque des "pressions corporatistes visant à limiter le champ d'action de l'IPA urgence".
L'ONI rappelle à ce titre que "les IPA sont des infirmiers expérimentés et formés qui, exerçant à l’hôpital, peuvent éventuellement avoir recours, à tout instant, à un médecin si nécessaire". Pour Patrick Chamboredon, l'introduction d'IPA autonomes aux urgences est pourtant l'une des solutions à l'explosion du nombre de passages dans les SAU, avec des motifs "de plus en plus variés". "Ne cédons pas au corporatisme de certains", appelle-t-il.
Ces projets de texte ont été rejetés par l'ensemble des organisations composant le Haut Conseil des professions paramédicales lors du vote, jeudi 24 juin. "Cette rare unanimité au sein de professions aux exercices très diversifiés est le symptôme d'une absence totale de concertation mais démontre également la faiblesse conceptuelle ainsi quel’impréparation technique et réglementaire de l’ensemble du dossier", souligne le syndicat des Iade (Snia) dans un communiqué.
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