"En quoi le rôle du médecin traitant est-il dégradé ?" : spécialistes, ils regrettent la volte-face de la Cnam sur l'APC
Marche arrière. Alors que la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam) envisageait de permettre aux spécialistes de coter l'avis ponctuel de consultant (APC) sur demande du généraliste - comme c'était déjà le cas - ou d'un confrère d'une autre spécialiste, celle-ci a fini par restreindre cet élargissement face aux levées de boucliers du syndicat MG France. Plusieurs présidents de syndicats de médecins spécialistes déplorent ce revirement "dramatique" dans une tribune que nous publions en intégralité.
"Tous les jours,
Tous les jours le médecin spécialiste se mobilise pour trouver pour un patient qui est devant lui, dans un délai adéquat, un rendez-vous chez un autre spécialiste pour assoir son propre avis d’expertise ou réorienter le diagnostic.
Tous les jours le médecin spécialiste surcharge son planning de rendez-vous pour une demande de prise en charge rapide au service du patient sans se préoccuper de savoir si elle émane d’un autre spécialiste ou d’un médecin généraliste.
Tous les jours le médecin spécialiste reçoit des demandes d’avis d’un service d’urgence ou d’un service hospitalier pour prendre en charge un patient en sortie d’hospitalisation.
Tous les jours le médecin spécialiste reçoit des patients qui n’ont pas ou plus de médecin généraliste.
Qui peut défendre aujourd’hui que ces parcours ne sont pas pertinents bien qu’ils ne passent pas par le médecin généraliste ?
Qui peut défendre dans ce cadre-là que les patients soient moins remboursés, et que les médecins spécialistes devraient être pénalisés dans leurs cotations ?
En quoi le rôle du médecin traitant est-il dégradé dans ce contexte s’il est destinataire des conclusions du médecin spécialiste ?
En quoi la prise en charge du patient est-elle dégradée ?
En quoi la collectivité et les institutions seraient elles pénalisées en termes de mobilisation de ressources financières et humaines ?
C’est à tout cela que s’oppose MG France en refusant l’élargissement de l’APC (avis ponctuel de consultation) alors que la grande majorité des propositions de la Cnam sont en faveur des médecins généralistes.
Dans ce système de santé en tension, il faut tout faire pour qu’il y ait de la souplesse, de l’efficience et du pragmatisme, il est inconcevable que des syndicats de médecins libéraux s’arc-boutent pour imposer aux autres des contraintes anachroniques dont même l’assurance maladie, le ministre de la Santé et le Premier Ministre ont compris la nécessité d’évolution pour maintenir un système de santé solidaire.
Dramatique !"
Les signataires :
Dre Naziha Khen-Dunlop, présidente du Syndicat des chirurgiens pédiatres (SCPF)
Dre Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français (SNPF)
Dr Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV)
Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR)
Dr Etienne Fourquet, président du Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs de France (SNARF)
Dr Loïc Kerdilès, président du Syndicat des anesthésistes libéraux (SAAL)
Dr Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF)
Dr Pascal Devailly, président du Syndicat français de médecine physique et de réadaptation (SYFMER)
Dr Florence Suy, présidente du Syndicat national des médecins infectiologues (SNMInf)
Dr Claude Colas, Syndicat des médecins spécialistes en endocrinologie, diabétologie, maladies métaboliques et nutrition (SEDMEN)
Dr Bruno Stach, président du Syndicat de l’appareil respiratoire, (SAR)
Dr Philippe Camparo, président du Syndicat des médecins pathologistes français (SMPF)
Dr Elie Winter, président du Syndicat national des psychiatres privés (SNPP)
Dre Catherine Tobie, présidente du Syndicat national des gériatres libéraux (SNGL)
Dr Vincent Pradeau, président du Syndicat national des cardiologues (SNC)
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