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"La CPAM nous fait porter la responsabilité de vos prescriptions non conformes" : quatre infirmiers libéraux appellent les médecins à l'aide

C'est un "ultime" appel à l'aide. Dans une lettre ouverte, qu'Egora publie en exclusivité, quatre infirmiers libéraux exerçant dans un cabinet des Landes alertent les médecins de ville sur leurs prescriptions mal rédigées. "La CPAM ne souhaitant pas entrer en guerre ouverte avec vous, préfère nous faire porter la responsabilité des prescriptions non conformes ce qui lui permet de faire des économies substantielles sur notre dos…", écrivent-ils en désespoir de cause.

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"Docteur, Voici mes directives anticipées, car je pense que nous sommes proches de la fin de notre profession d’infirmier(ère) diplômé(e) d’Etat libéral(e) (IDEL). Par cette lettre ouverte, j’adresse un ultime appel à l’aide aux médecins, personnes de confiance sans lesquels nous ne pouvons prodiguer de soins aux patients dans le besoin… et sans lesquels nous allons mettre la clef sous la porte.

La politique actuelle de la CPAM est de limiter au maximum les dépenses quitte à réclamer des indus aux IDEL qui auraient effectué des soins en se basant sur une prescription 'mal rédigée…'. La CPAM ne souhaitant pas entrer en guerre ouverte avec vous, préfère nous faire porter la responsabilité des prescriptions non conformes ce qui lui permet de faire des économies substantielles sur notre dos…

Il faut que vous sachiez et que vous ayez conscience que : 
- Lorsque vous n’indiquez pas sur une prescription que la prise de sang doit être réalisée par un IDEL, cet acte doit être remboursé par l’infirmier qui l’a réalisé au prétexte que le terme IDE n’a pas été spécifié, il en est de même si vous ne précisez pas à domicile.… Bizarrement, les laboratoires qui facturent les actes de ponction ne sont pas rappelés à l’ordre même s’ils ne sont pas clairement nommés sur l’ordonnance de soin… Pourquoi ?
- Lorsque vous n’indiquez pas que les soins de pansement doivent être réalisés par un IDEL, avec une date de début de soin, une notion de période (tous les jours, tous les 2 jours… dimanche et jours fériés), une notion de fin de soin ou jusqu’à cicatrisation, votre signature, nous ne pouvons prendre en charge le patient.
- Lorsque vous n’indiquez pas que le soin doit être réalisé avant 8h ou après 20h (pour une antibiothérapie par injectable, un suivi de diabétique…), le tarif de nuit n’est pas applicable. Il faut savoir que la CPAM considère que nous effectuons ces soins à notre convenance car l’heure n’est pas spécifiée sur la prescription !
- Après intervention chirurgicale, le renvoi du patient au domicile avec la simple consigne de "réaliser des soins de pansement", ne correspond pas à une prescription de soin infirmier, et est rejetée de façon systématique par la CPAM… Le seul fait de demander que les soins soient réalisés par des IDEL est une garantie pour vous, et pour le patient, que les soins seront accomplis avec toutes les règles d’asepsie rigoureuse, et le suivi de coordination réalisé par des professionnels investis. Nombre de patients nous appellent, déroutés qu’on leur demande de réaliser eux-mêmes leurs soins alors qu’il sont dans l’incapacité d’effectuer les gestes simples du quotidien… Devant ce type d’appel à l’aide, nous nous retrouvons à devoir harceler vos secrétariats dans l’espoir d’obtenir cette prescription providentielle, correctement rédigée, qui nous permettra d’être rémunérés pour l’acte effectué…

 

Je ne donnerai pas mon corps à la médecine, elle a déjà pris tout le reste

En effet, depuis quelques temps nous voyons passer de nombreuses prescriptions de soins de pansement avec la mention indiquant que "les patients peuvent réaliser seuls leur soins…" Quand ce sont des soins d’épaule (bras fort) comment peuvent-ils faire ? Quand le patient a 85 ans et qu’il présente des troubles cognitifs et mnésiques ? Quand, de plus, les aidants sont déjà exténués par la prise en charge quotidienne du patient…

Alors que notre fin approche (broyés par cette machine administrative, qui déshumanise le soin en précarisant les soignants) je tenais toutefois à remercier tous ces médecins avec qui, pendant des années, nous avons œuvré main dans la main pour faire face et aider nos patient(e)s dans la difficulté, l’épreuve, l’espoir, et la guérison… ce fut une vie riche en expérience, en échange et humainement épanouissante.

'Je ne donnerai pas mon corps à la médecine, elle a déjà pris tout le reste…' sera mon épitaphe."

 
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