“Depuis le début, rien ne va dans la réforme de la Paces. En théorie, elle est censée diversifier les profils, éviter le gâchis humain. En réalité, elle est contre-productive. Les Pass/LAS ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés, ils ne connaissent pas leur nombre de places ouvertes en deuxième année, ils sont stressés.
La décision du Conseil d’Etat rebat les cartes. Nous avons eu peur pour les Paces mais, finalement, leur numerus clausus ne va pas être bougé donc personne ne sait ce qu’il va se passer suite à cette décision. Ce qui est sûr, c’est que le responsable de cette situation, c’est le ministère de l’Enseignement supérieur. Il n’a pas prévu assez de capacités d’accueil aux Pass/LAS. Même si le ministère dit l’inverse, ce n’est pas vrai. Lorsqu’il y a eu les expérimentations à Paris et Brest, ils ont augmenté les capacités en deuxième année de 30%, alors que là, il est question de 20%. Ce n’est pas assez.
Je peux aussi comprendre que ce n’est pas facile d’augmenter les capacités d’accueil parce que d’un autre côté, c’est la qualité de la formation qui en pâtit, on ne peut pas pousser les amphis. Il y a un souci d'investissement dans l’université et dans le système hospitalier. Tous les problèmes se tiennent et sont liés à un manque de moyens qui existe depuis des années.
Clairement, on ne sait pas où on va...
avec cette réforme de la Paces, personne ne sait où il va. Je n’ose pas me mettre à la place des étudiants en Pass, en LAS ou en Paces qui vivent cette situation. C’est terrible ce qui leur arrive, ils sont abandonnés et naviguent complètement à vue. D’autant plus avec le contexte sanitaire actuel. Ils sont en train de jouer leur avenir, totalement abandonnés.
C’est d’autant plus intolérable qu’il n’y a pas eu la moindre réaction de Frédérique Vidal en une semaine, alors que le décret n’a toujours pas été republié et que nous attendons une réaction rapide. C’est, quelque part, à l’image de ce qu’il se passe depuis le début : de l’improvisation. Les ministères nous disent qu’il y a un texte qui va être publié “fin de semaine dernière, début de semaine”. Et en fait, on n’a rien, on navigue à vue. Frédérique Vidal n’écoute pas les étudiants. Je pense que les ministères sont dépassés et ne savent pas de quoi ils parlent. Ils s’appuient sur les organisations étudiantes mais sont déconnectés de la base.
J’ai reçu beaucoup de messages d’étudiants. J’ai le sentiment qu’il y a quelque part deux camps : celui des Paces, qui, au début, avait peur que le numerus clausus bouge et qui considérait que cette suspension n’était pas juste pour eux. Et de l’autre, les Pass/LAS qui étaient contents car cela leur donne de l’espoir. Mais ce qu’il ne faut surtout pas, c’est une opposition entre eux, entre ancienne et nouvelle réforme. Tout le monde pâtit de la même situation… Mais en l'occurrence, ce sont des jeunes de 18 ans, 20 ans qui morflent.”
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