Internat : le repos de garde "de moins en moins appliqué", révèle une enquête

13/09/2019 Par Aveline Marques
L’Intersyndicale nationale des internes (Isni) vient de dévoiler les premiers résultats de son enquête sur le temps de travail, à laquelle quelques 8 000 internes ont participé. Avec un temps de travail moyen approchant les 55 heures, les internes explosent le plafond légal. Plus inquiétant, le repos de garde est loin d’être systématiquement respecté.

En théorie, la semaine de travail d’un interne ne doit pas dépasser les 48 heures. En pratique, les carabins travaillent en moyenne 55 heures, d’après les premiers résultats de l’enquête de l’Isni, lancée en mai dernier. C’est 5 heures de moins qu’en 2012, date de la précédente enquête. Mais cette "amélioration notable", "masque d’importantes disparités entre les spécialités", pointe le syndicat, encore en cours d’analyse des réponses fournies par quelques 8000 internes. En revanche, aucune amélioration n’est à signaler du côté du respect du repos de garde. Au contraire, il est "de moins en moins appliqué : près de 30 % des internes déclarent ne pas pouvoir prendre systématiquement leur repos de sécurité en lendemain de garde, alors qu’ils n’étaient que 21 % dans cette situation en 2012", relève le communiqué. 

Ce dépassement systématique du temps de travail est un facteur de risques de troubles psychiques, a démontré l’enquête sur la santé mentale des jeunes médecins menée en 2017. Autre obligation légale...

fréquemment bafouée : seul un interne sur quatre déclare pouvoir prendre systématiquement ou souvent sa demi-journée de formation universitaire. "Vingt-et-jour de taf d'affilée, avec jusqu'à 24 lit en responsabilité, 3 gardes sans repos dans le même temps (il n'y jamais de repos) et impossibilité de suivre un séminaire obligatoire pour la validation, obligé de faire falsifier ma signature sur la feuille de présence", témoigne ainsi un interne sur la page Facebook de l’Isni. Le syndicat réclame "de nouvelles mesures" pour que le temps de travail des internes soit enfin respecté, plus de quatre ans après le décret : la "mise en place systématique et contrôlée des tableaux de service", "la réévaluation voire la suspension des agréments des terrains de stage ne respectant pas le repos de sécurité" et "la publication du temps de travail moyen par service hospitalier avant les choix des stages semestriels". Enfin, la "reconnaissance financière du temps de travail effectif par le paiement des plages de temps de travail additionnel" semble être "la seule mesure qui permettra aux hôpitaux de s’intéresser réellement au temps de travail des internes", souligne l’Isni. "En 2019, le non-respect du repos de sécurité n'est pas acceptable", avait déclaré Agnès Buzyn lors du 20e congrès de l’Isnar-IMG en février dernier. La ministre avait alors évoqué la possibilité d'"activer le levier de la non prorogation des stages en cas de non-respect du temps de travail".

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