Réveil en retard

Retard sur les choix de stage des nouveaux internes : "On essayera de faire mieux l'année prochaine", assure le CNG

Alors que les nouveaux internes ont reçu leur affectation mi-septembre, les listes de répartition par spécialité et subdivision ont été transmises aux ARS ce jeudi 26 septembre seulement. Un envoi tardif qui, selon les syndicats étudiants, a poussé certaines facultés à décaler la date de choix de stage du premier semestre d'internat.

27/09/2024 Par Chloé Subileau
Internat
Réveil en retard

Nouveau cafouillage autour de la réforme du concours de l'internat ? Depuis le vendredi 13 septembre, date à laquelle les néo-internes ont découvert où ils seraient affectés ces prochaines années et dans quel domaine, les listes des répartitions de ces derniers par subdivision et par spécialité manquaient à l'appel. Elles ont finalement été diffusées jeudi 26 septembre par le Centre national de gestion (CNG), organisme en charge de la procédure d'appariement. Une publication très attendue par les ARS, les facultés comme les syndicats, qui commençaient à s'impatienter.

Avec l'entrée en vigueur de la réforme de deuxième cycle des études de médecine (R2C) l'an dernier, "les affectations des internes ne sont plus visibles au public", explique Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG*. La nouvelle procédure d'appariement, mise en place cette année, ne comprend plus un seul classement, mais 13 selon des groupes de spécialité. Surtout, elle ne permet plus de voir au fur et à mesure les choix des futurs internes. Impossible donc pour les syndicats et associations locales, traditionnellement très investis dans l'organisation de la rentrée, de connaitre l'affectation de ces derniers sans accès aux listes des répartitions établies par le CNG.

Depuis le 13 septembre, "les syndicats et associations n'ont pas eu accès [à ces] listes d'internes", insiste Bastien Bailleul. Sans ces documents, il a fallu trouver d'autres solutions pour organiser la rentrée : "Je vous laisse imaginer la complexité que ça a été de contacter les internes." Une information confirmée par Killian L'helgouarc'h, à la tête de l'Isni**, qui précise : "Les internes ont découvert leur affectation, mais elles n'ont pas été transmises [au-delà des syndicats] aux ARS et aux facultés."

Dans ce contexte, les deux organisations étudiantes disent avoir contacté le CNG pour obtenir ces listes. "Il nous a été répondu que tout allait bien, que tout suivait son cours habituel et qu'il fallait attendre", soutient Bastien Bailleul. Face à ce retard de diffusion, des ARS ont été contraintes de décaler la date de choix de stage de premier semestre d'internat au sein des facultés, faute d'avoir pu contacter à temps tous les futurs étudiants. Du côté de l'Isnar-IMG, on affirme que six subdivisions sont concernées. L'Isni en comptabilise "entre quatre et cinq", dont Montpellier, selon son président.

Des internes dans le flou

Mais ces reports "de quelques jours, voire une semaine", selon Killian L'helgouarc'h, peuvent être lourds à supporter pour les néo-internes. Ces derniers, parfois affectés à l'autre bout de la France, "ne savent pas [encore] où ils vont aller en stage" et donc où "trouver un logement", avance le représentant syndical. "Les internes vont se trouver début octobre, voire mi-octobre, sans savoir où ils vont vivre deux semaines après", craint, de son côté, Bastien Bailleul qui pointe par ailleurs des difficultés pour les carabins à s'inscrire auprès de leur nouvelle faculté.

"Habituellement, c'est la fac qui nous envoie un dossier à l'inscription, surtout quand c'est un premier contact. Ils ont besoin d'avoir toutes les informations nous concernant. Mais cette année, le système est inversé", détaille le président de l'Isnar-IMG. Cette situation a pu générer de l'incompréhension chez certains et ainsi retarder leur inscription. Or, sans cette dernière, difficile de justifier de son statut pour accéder à un logement ou souscrire à un d'abonnement de transports en commun, cite Bastien Bailleul.

Ces derniers jours, des internes ont exprimé leur agacement sur les réseaux sociaux face à ces difficultés. "C'est quand même dingue que même pour publier officiellement les résultats, le CNG ne respecte encore une fois pas les dates fixées. Et en plus, ça bloque tout le reste (choix de stage, notamment)", écrit une étudiante sur le réseau social X. "On ne peut pas choisir nos stages, je ne peux pas m'inscrire à la fac… Des clowns jusqu'au bout", a lancé une autre, interpellant le CNG.  "Place pour le wei [week-end d'intégration, NDLR] prise mais aucune inscription à la fac", ironise une dernière.

"C'est plus compliqué qu'avant"

La situation devrait toutefois rapidement se débloquer, puisque les listes des répartitions ont été diffusées jeudi 26 septembre auprès du ministère de la Santé, puis des ARS. Les UFR devraient, elles aussi, pouvoir accéder à la liste de leurs étudiants dès ce vendredi, indique le CNG. Alors que les dernières affectations ont été attribuées le 18 septembre - certains étudiants ayant dû participer à un "tour complémentaire" - "on avait prévu d'envoyer ce fichier [les listes, NDLR] mercredi 25 septembre", souligne Philippe Touzy, chef du département des concours au CNG, contacté par Egora. Quelques vérifications de dernière minute ont retardé d'un jour cet envoi : avec la nouvelle procédure d'appariement – et ses 13 classements, "c'est plus compliqué qu'avant, il faut retraiter les fichiers et, en plus, c'est la première année" de mise en œuvre, rappelle Philippe Touzy.

Ce dernier reconnaît que la transmission de ces documents s'est faite avec "quelques jours d'écart" par rapport aux autres années. Mais "la période a toujours été très courte" entre le choix de stage des internes et leur rentrée, souligne-t-il. "L'année prochaine, on essayera de faire mieux si on peut", poursuit le chef du département des concours. Il insiste : "Cette année, il y a eu plus de vérifications à faire puisque c'est la première [édition de la R2C]. On est sur tout sauf de la routine." Pour les ARS et facultés qui avaient prévu d'organiser les choix de stage dès cette fin de semaine, "c'était un peu périlleux", estime Philippe Touzy.

Concernant la réticence du CNG de diffuser les listes aux syndicats étudiants, le chef du département des concours justifie ce choix par la nécessité de respecter le Règlement général de protection des données (RGPD), mis en place à l'échelle européenne. Les fichiers établis par le CNG comprennent, en effet, "des données nominatives", "c'est pour cette raison que l'on n'a pas forcément la même transparence vis-à-vis" des syndicats que du ministère et des ARS, note Philippe Touzy. "Le fichier comporte [cette année] des données que l'on ne peut pas envoyer comme ça", ajoute-t-il. Il assure : "On travaillera avec les syndicats pour la prochaine session […], et il faudra voir combien de temps il nous faut pour établir un fichier diffusable dans le respect du RGPD."

Pour Killian L'helgouarc'h de l'Isni, ce retard de diffusion a "probablement rajouté un peu de stress aux nouveaux internes", qui "ont déjà eu une année compliquée" avec la mise en place de la R2C. "On croise [désormais] les doigts pour que tout le monde puisse faire son choix comme il faut […] et avoir sa rentrée le 4 novembre prochain", ajoute-t-il, serein. Pour cette première année, il est entendable "que le CNG n'ait pas eu de recul, mais il ne faut pas que ça s'organise comme ça tous les ans […] Je peux comprendre qu'il n'ait pas envie de diffuser ces listes aux étudiants, mais il faut au moins que les instances officielles les aient pour éviter de tout bloquer", prévient, de son côté, Bastien Bailleul.

*Intersyndicale nationale automne représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG)

**Intersyndicale nationale des internes (Isni)

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