FMC : 10 points clésHerpès labial

Si la primo-infection passe le plus souvent inaperçue, les récurrences sont symptomatiques.

26/04/2019 Par Dr Pierre Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    L’herpès labial est dû à un herpès simplex virus (HSV). Il s’agit d’un virus à ADN appartenant à la famille des Alpha-herpesviridae.
    Deux catégories d’HSV sont classiquement décrites :
    – HSV1, qui se transmet à la suite d’un contact des muqueuses buccales et qui est à l’origine de l’herpès buccal ou labial ;
    – HSV2, qui est une infection sexuellement transmissible et qui est responsable d’un herpès génital ou anal.

  2. 02

    L’herpès labial récidivant touche près de 10 % de la population. Près de 20 % des enfants de moins de 5 ans ont une séroconversion pour HSV1. Entre 40 et 60 % des adultes de moins de 40 ans sont infectés par ce virus. Entre 70 et 90 % des adultes ont une séroprévalence positive à HSV1.

  3. 03

    La transmission de HSV1 est interhumaine. La contamination fait suite à un contact cutanéomuqueux (cas d’un baiser, lors de l’accouchement lorsque le nouveau-né passe la barrière génitale). Dans ce dernier cas, HSV2 est le plus souvent concerné.
    À l’issue de la contamination, le virus (cas de l’herpès labial) est objectivé au niveau du ganglion de Gasser V1 et V2, et une latence virale est observée (le virus peut rester toute la vie du patient inactif).
    La primo-infection se caractérise par une réplication virale importante et asymptomatique le plus souvent.

  4. 04

    La réactivation de HSV1 est observée au décours de certains événements : stress, exposition solaire, immunosuppression, infections, facteurs hormonaux (menstruations…). Le siège de cette réplication est le ganglion de Gasser. Le virus diffuse grâce aux axones, et se dirige vers le tissu cutané. Il se multiplie alors en déjouant les mécanismes de reconnaissance des cellules de Langherans. Le système immunitaire cellulaire intervient alors à la suite d’une latence de deux à quatre jours après la réplication virale.

  5. 05

    La primo-infection oro-labiale survient le plus souvent entre 6 mois et 3 ans. Elle est souvent (plus de 90 % des cas) asymptomatique. Pour les cas symptomatiques, on observe, après une phase d’incubation comprise entre trois et six jours, des douleurs pharyngées, une hyperthermie
    importante, une dysphagie (qui peut aboutir à une déshydratation chez l’enfant), une hypersialorrhée. Par la suite, on note une gingivostomatite, avec gencives hypertrophiées et gingivorragies.
    Au niveau du palais, il existe des zones ulcérées ayant un aspect aphtoïde avec une bordure érythémateuse. Dans certains cas, il est possible de mettre en évidence des vésicules regroupées en bouquet. En parallèle, au niveau local, on objective des adénopathies prétragiennes ou sous-angulomaxillaires.
    La guérison est généralement observée au bout de trois à six semaines.

  6. 06

    La récurrence herpétique à HSV1 siège le plus souvent au niveau des lèvres, plus rarement au niveau du nez ou des yeux.
    Au départ, le patient note des sensations de brûlure ou de cuisson, ou des paresthésies. Par la suite, des placards érythémateux apparaissent.
    Des lésions ulcérées ou vésiculeuses en grappe se développent ensuite.
    Les vésicules peuvent devenir coalescentes et former des bulles qui s’ulcèrent facilement du fait de la fragilité de leur base.
    Les croûtes apparaissent entre deux et trois jours. La guérison est objectivée au bout de sept jours.

  7. 07

    Le diagnostic reste avant tout clinique.
    La confirmation virologique est utile dans le cas d’une immunosuppression ou au décours d’une grossesse. Pour ce faire, le liquide de la vésicule est prélevé avec un écouvillon (on n’hésite pas à gratter fortement le plancher de la vésicule).
    Le prélèvement conservé à une température de 4 °C est alors acheminé rapidement (moins de 4 heures) au laboratoire.
    La détection d’ADN par PCR présente une sensibilité à 90 %, et concerne tous les tissus. La sérologie n’est utile que pour les récurrences herpétiques.

  8. 08
    Point formation n°8

    Le traitement de l’infection primaire repose sur les antirétroviraux par voie générale. Ainsi, on peut utiliser, chez l’adulte, l’aciclovir à raison de 1 g/j en cinq prises, ou le valaciclovir à raison de 1 g/j en deux prises.
    Chez l’enfant, cette posologie est adaptée à la surface corporelle (250 mg/m2).

  9. 09

    Les récurrences herpétiques se traitent le plus souvent par des topiques locaux (aciclovir) qui permettent d’accélérer la guérison. Les traitements oraux sont réservés aux formes sévères d’herpès.

  10. 10

    Un traitement prophylactique à base d’aciclovir (400 mg deux fois par jour) est possible chez les patients ayant plus de six récurrences par an. Ce traitement est préconisé pour les cas d’herpès labiaux non induits par le soleil. Dans le cas d’un herpès généré par l’exposition solaire, il est recommandé d’effectuer une photoprotection.

Références :

1. Mokni M, et al. Dermatologie infectieuse. Éd. Elsevier Masson 2014.
2. Bessis D. Manifestations dermatologiques des maladies infectieuses, métaboliques et toxiques. Éd. Springer 2008.
3. Courjon J, et al. Infections à herpès virus du sujet immunocompétent. Partie : Herpès. Rev Prat 2017;67:e177-81.
4. Saurat JH, et al. Dermatologie et infections sexuellement transmissibles. Éd. Elsevier Masson 2017.

Le Dr Frances déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant cet article.

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