Addictions : des consommations toujours élevées chez les jeunes

15/07/2021 Par Marielle Ammouche
Addictologie
Les niveaux de consommation des substances addictives chez les jeunes, en particulier concernant l’alcool, le tabac et le cannabis, restent élevés en France malgré les mesures et campagnes de prévention.

  Le 1er baromètre national « Les addictions et leurs conséquences chez les jeunes » présenté par la Macif, et réalisé par l’institut Ipsos, en concertation avec un collectif d’experts composé de psychologues, d’addictologues et de la Fédération des Associations Générales Étudiantes (Fage), fait le point sur les consommations de substances addictives chez les jeunes de 16 à 30 ans. Les résultats mettent en évidence une consommation inquiétante de substances, au premier rang desquelles figurent l’alcool, qui a déjà été consommé par plus de 8 jeunes sur 10 (84%). Pour le cannabis, c’est plus d’un tiers des jeunes qui l’ont déjà essayé (36%) ; alors qu’ils sont 14% à avoir déjà consommé une substance illicite telle que telles que l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote, la LSD, la cocaïne, le crack ou l’héroïne. L’étude souligne l’importance du cumul de substances. Si l’alcool et le tabac sont les deux substances les plus présentes dans toutes les multi-consommations, les personnes qui prennent régulièrement du cannabis déclarent aussi consommer régulièrement de l’alcool (81 %) et du tabac (86 %), de la cocaïne, du crack (38 %), de l’héroïne (40 %), de l’ecstasy, MDMA, GHB, protoxyde d’azote, LSD (42 %). Ces consommations sont à l’origine d’une fréquence élevée de perte de contrôle de soi. Ainsi, toutes substances confondues, plus de la moitié des jeunes de 16 à 30 ans déclarent avoir déjà perdu le contrôle d’eux-mêmes au moins une fois au cours des 12 derniers mois du fait de leur consommation de ces substances (52%), au point de ne plus vraiment savoir ce qu’ils faisaient (71 % chez les consommateurs réguliers). En particulier pour l’alcool, un jeune sur 5 déclare d’ailleurs avoir perdu le contrôle au moins 10 fois dans l’année en ayant consommé de l’alcool.

En outre, les jeunes sous-estiment les risques liés à ces addictions, et d’autant plus s’ils sont consommateurs. C’est particulièrement le cas pour le tabac, l’alcool et le cannabis. Ainsi, pour le tabac, le niveau de risque est évalué à 7,8/10 parmi les non-consommateurs ; et il décroit à 6/10 pour les consommateurs réguliers. Pour l’alcool la note moyenne est de 6,5/10. Seuls 19 % des personnes interrogées y associent un risque maximal (de 9 à 10/10). Concernant le cannabis, le niveau de risque s’élève à 8,3/10 pour ceux qui n’en ont jamais consommé, mais n’est estimé qu’à 5,3/10 pour les consommateurs réguliers. Près du quart de ces derniers considèrent que les dangers sont bien moindres que ce qui est dit (24 %). Et même pour des drogues dites « dures », l’héroïne, la cocaïne et le groupe « l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote et le LSD », le risque n’est évalué qu’à 6,6 ; 6,2 ; et 6,3 /10 par les consommateurs réguliers (9,2 ; 9,2 ; et 9,1, respectivement pour les non-consommateurs de ces substances).    Faible efficacité des messages de prévention L’étude montre, par ailleurs, un effet limité des diverses campagnes de prévention.  Si les trois quarts des jeunes interrogés (76 %) déclarent avoir vu, lu ou entendu des messages d’information et de sensibilisation concernant les risques liés à la consommation de drogues, d’alcool et de tabac au moins une fois au cours des 12 derniers mois, moins de 6 sur 10 se disent convaincus ou avoir pris conscience de certains dangers - les consommateurs réguliers apparaissant, là aussi, plus critiques quant à la crédibilité de ces messages, sans toutefois remettre en cause leur véracité. Les consommateurs réguliers de tabac et de cannabis sont particulièrement difficiles à convaincre : seuls 55 % des consommateurs réguliers de cannabis et 53 % des consommateurs réguliers de tabac déclarent avoir réfléchi à leur propre comportement suite à ces campagnes. La Macif a donc lancé cet été une nouvelle campagne qui emprunte les codes spécifiques des jeunes, leurs modes d’expression mais aussi leur canaux (réseaux sociaux, influenceurs), pour tenter de les toucher davantage.   

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