"Le dépistage systématique du cancer de la prostate peut être nuisible en population générale", prévient le Pr François Desgrandchamps, chef du service d’urologie à l’hôpital Saint-Louis (Paris). En effet, l’acte n’est "pas anodin" et les traitements, s’ils augmentent la longévité des patients, "altèrent la qualité de vie", avec un impact sur la fonction érectile et la continence. "Il y a une vie avant et après le traitement". C’est pourquoi les autorités sanitaires françaises s’orientent vers un dépistage individuel. Celui-ci doit s’adresser aux hommes présentant des facteurs de risque : prédispositions familiales (au moins trois personnes du 1er ou 2e degré de parenté concernées), origine afro-caribéenne, exposition au chlordécone (populations originaires des Antilles) et/ou mutation des gènes BRCA2 ou HOXB13. "Le médecin doit fournir au patient une information claire et transparente pour arriver à une décision éclairée", prône le Pr Desgrandchamps.
Les examens restent le toucher rectal et le dosage du PSA entre 50 et 70 ans, voire en-deçà (dès 40-45 ans chez les personnes à risque) ou au-delà (patients ayant une espérance de vie supérieure à 10 ans). Cependant, le dosage du PSA est faillible car le taux fluctue (plus ou moins 20 % d’un jour à l’autre), dépend de la taille de la prostate et ne constitue pas un marqueur spécifique de ce cancer.
L’étape suivante est l’IRM, qui précèdera la biopsie réalisée seulement en cas d’anomalie. "L’IRM first" est une recommandation récente, datant de 2/3 ans. Elle permet de savoir s’il y a un cancer, de le localiser, et de diriger la biopsie effectuée sous échographie", précise le Pr Desgrandchamps. L’objectif est de cibler les cancers agressifs pour ne traiter que les cas le justifiant. Ainsi, les tumeurs de score Gleason 6 (3+3), "très fréquentes", constituent "une forme naturelle de vieillissement de la prostate. Elles ne disposent d’aucune caractéristique biologique nécessaire au développement de métastases. Elles ne sont pas dangereuses et ne le seront jamais", détaille le Pr Desgrandchamps. "Pour ces cancers à faible risque, la surveillance est recommandée mais pas le traitement. Ce n’est pas vrai hors du score Gleason 6. Il ne faut pas généraliser et sous-estimer les risques", avertit l’urologue. Le cancer de la prostate touche 48 000 hommes par an en France et cause 8 000 décès.
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