Egora : Que sait-on du risque de réinfection ? Frédéric Altare : Il est a priori extrêmement faible… Quelques cas ont été rapportés en Asie, insuffisamment documentés, où l’on retrouvait du virus sur les prélèvements, parfois sans symptômes. Était-ce un reliquat du pool viral ? Ou une réelle réinfection ? Plus récemment, un cas a été signalé, à Hong-Kong encore, mais là, les prélèvements réalisés à l’époque de la première infection avaient été conservés et ainsi les seconds virus ont pu être comparés aux premiers. Il s’agissait bien dans les deux cas d’un coronavirus, d’une souche différente, les variants de ce type de virus étant nombreux. Un cas particulier donc, de réinfection avec une autre souche de coronavirus. En tout, 3 personnes ont été dûment réinfectées sans que l’on puisse déterminer si elles avaient des caractères particuliers, en termes d’immunité notamment, avec les techniques dont nous disposons. Cela dit, que surviennent des réinfections n’est pas très surprenant dans la mesure où les coronavirus hivernaux “classiques“ eux aussi donnent une immunité très variable, qui ne met théoriquement pas à l’abri d’une nouvelle infection, par le même virus. Sur des millions de personnes contaminées dans le Monde, depuis 9 mois, voire un an, indemnes de signaux de réinfection, seulement trois cas de réinfection ont été effectivement authentifiés.
Comment évoluent les anticorps ? De façon variable selon les continents, semble-t-il. D’après des études en Asie, les anticorps semblent disparaître après 40 jours et la phase de convalescence. Aux États-Unis, les anticorps sont indétectables ou en très petites quantités après 3 à 4 mois. Une diminution qui devrait être corrélée avec un risque augmenté de réinfection, ce qui n’est pas le cas… Si donc le taux d’anticorps chute assez vite, le peu qui reste suffirait à protéger de nouvelles rencontres, la réponse “mémoire“ se réactivant alors rapidement, même à toutes petites doses d’anticorps. Les deux cas de réinfections à Hong-Kong étaient effectivement asymptomatiques ou de forme très légère, atténuée, avec une température inférieure à 36°8. L“invasion“ virale a été ici, à l’évidence, très bien gérée par les anticorps résiduels de la première infection qui réalise ainsi une sorte de vaccination. Cette efficacité “secondaire“ est une très bonne nouvelle, qui augure bien de celle des vaccins… Quelle place pour le ou les vaccins ? Une étude conduite à l’Institut Pasteur a confirmé que plus les personnes étaient symptomatiques et plus le taux d’anticorps était élevé. Quelle que soit l’intensité des signes cliniques de l’infection à Covid, les anticorps toutefois disparaissent en 3 à 4 mois, reflet de la guérison. Autre constatation, avec n’importe quel autre virus respiratoire, plus le patient est symptomatique et plus il expectore de particules infectantes, plus la charge virale est importante. Mais dans ce cas de Covid, les personnes asymptomatiques transmettent également le virus qui s’avère très contagieux (un peu plus que celui de la grippe). De façon générale, l’infection par un micro-organisme produit une réponse “mémoire“ comme après un vaccin. Par conséquent, un patient Covid se trouve a priori dans la même situation qu’une personne vaccinée et il n’est pas nécessaire qu’il le soit, vacciné, sauf si peut-être la première rencontre avec le virus n’a pas suffi… Une certitude, les personnes infectées ne seront probablement pas prioritaires pour la vaccination, à l’inverse des personnes les plus à risque de développer une forme grave de la maladie. Quant aux personnes véritablement cibles de la vaccination, jeunes et moins jeunes, protégées directement ou indirectement (l’effet troupeau), les vaccins en cours de développement visent un fort taux d’anticorps, identique voire supérieur à celui produit par le virus, pour une réponse “mémoire“ plus forte et plus durable. * Frédéric Altare déclare n'avoir aucun lien d'intérêts
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