C’est le cerveau qui est responsable de la rythmicité de notre appétit. Mais l’alimentation est aussi, en elle-même, un inducteur de ce rythme. Et la vie moderne a contribué à perturber cette rythmicité. La pratique du jeûne intermittent connait un élan récent de popularité. Il s’agit d’« un jeûne prolongé (au-delà du temps normal entre les repas), qui est répété régulièrement. Pendant les périodes de jeûne, seuls l'eau, le café noir et les autres boissons non caloriques sont autorisés » a rappelé le Pr David Jacobi (Institut du thorax, CHU de Nantes, Inserm, CNRS) à l’occasion d’une session consacrée à la pratique du jeûne intermittent et à ses effets dans le bon équilibre des hormones, organisée par la Société française d’endocrinologie (SFE) et l’institut du Thorax, en marge du 38ème congrès de la SFE (Nantes, 12-15 octobre 2022). Cette pratique est basée sur l’idée que le moment où nous mangeons influe, autant que la qualité et la quantité de l’alimentation, sur notre santé et notre bien-être. En effet, des preuves s'accumulent pour montrer qu'une alimentation qui s'aligne mal sur les rythmes internes d'une personne peut entraîner des troubles métaboliques. Déjà en 2012, des études sur des rats, ont montré que chez les rongeurs pour lesquels la prise alimentaire était restreinte à une certaine période de veille, un régime hypercalorique n’entrainait pas de perturbation métabolique, contrairement à ceux qui pouvaient manger à tout moment du nycthémère. En outre, des études d'observation sur les travailleurs postés, et donc qui mangent la nuit, ont mis en évidence un risque accru de diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancer. Le jeûne intermittent pourrait avoir un effet sur les personnes à risque métabolique. Ainsi, une étude, réalisée sur des hommes en surpoids souffrant de prédiabète a montré qu’un tel régime - avec possibilité de s’alimenter uniquement entre 8 et 14 heures- , entraînait des améliorations des taux d'insuline, de la sensibilité à l'insuline, de la pression artérielle et d'autres biomarqueurs. « Cela confirme l'idée que manger plus de calories plus tôt dans la journée et en prolongeant le jeûne nocturne réduit les risques de maladies » affirme D. Jacobi. Ainsi, ce type de jeune – et en particulier le jeûne 14:10 correspond à un jeûne de 14 h par jour - reprendrait la physiologie, et pourrait être conseillé, même si nous ne disposons pas de données sur le long terme. Ce régime consiste à allonger la durée du jeune nocturne. « Cela revient ainsi à petit-déjeuner plus tard ou à dîner plus tôt. Il est recommandé aux personnes qui pratiquent le jeune intermittent » détaille le Pr Jacobi. Il est nécessaire, dans tous les cas, d’individualiser les conseils, et de recommander en premier lieu de restructurer son alimentation. Efficacité sur la perte de poids non prouvée En revanche, l’intérêt du jeûne intermittent reste débattu en ce qui concerne la perte de poids – raison pour laquelle il est cependant souvent pratiqué. Ainsi, deux essais cliniques randomisés récents ont tenté d’analyser l’effet d’une régime 16:8, sur la perte de poids. Le premier avait une durée de 12 semaines. Et le second de 52 semaines. Ces deux études n’ont pas permis de conclure à un effet bénéfique de ce jeune intermittent. « Néanmoins, deux études récentes montrent que le fait de manger les calories préférentiellement le matin agit sur plusieurs hormones (leptine, ghréline,… ) pour diminuer la faim, améliorer la satiété. L'histoire n'est donc pas finie et d'autres études viendront certainement mieux établir chez qui et comment les interventions de chronobiologie alimentaire peuvent aider à améliorer la santé » conclut le Pr Jacobi.
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