Des données de cette cohorte parisienne ont été présentés lors du 33e congrès français de rhumatologie (13 au 16 décembre 2020). Elles révèlent qu’un tiers des patients avec une arthrose digitale évoluée présentent une atteinte radiographique des articulations métacarpo-phalangiennes. « L’arthrose digitale est une maladie très fréquente. Pour autant, on connaît mal les déterminants de sa progression », explique le Dr Alice Courties, rhumatologue à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. Des cohortes européennes ont inclus en Norvège et aux Pays-Bas des patients avec cette affection, mais jusqu’ici la seule cohorte française menée dans l’arthrose, Khoala, n’a pris en compte que des patients avec une coxarthrose et une gonarthrose. « Afin de réparer ce fait, les Prs Jérémie Sallam, Francis Berenbaum et le Dr Émmanuel Maheu ont mis en place en 2013 une cohorte prospective, Digicod (pour DiGital Cohort Osteoarthritis Design), qui rassemble des patients de plus de 35 ans ayant consulté à l’hôpital Saint-Antoine pour une arthrose digitale symptomatique. Ces malades seront suivis, pendant 6 ans, pour analyser l’évolution naturelle de la maladie, grâce à un examen médical, des questionnaires, et à 3 et 6 ans des examens biologiques, des radiographies des mains », indique le Dr Courties. Les premiers résultats observés sur 425 patients révèlent que, chez ces malades avec une arthrose digitale évoluée (ancienneté moyenne de l’arthrose de 13 ans, atteinte arthrosique en moyenne de 7 articulations interphalangiennes) et dans près de la moitié des cas avec des lésions déjà érosives, l’atteinte radiographique des articulations métacarpo-phalangiennes (MCP) est plus répandue qu’on ne le pensait jusqu’ici et concerne environ un tiers des patients. « Cette atteinte radiographique des MCP est toutefois peu sévère et ne s’accompagne pas d’atteinte clinique en général. Ainsi, dans cette cohorte, seulement 6 % des patients présentaient des douleurs impliquant les MCP », ajoute le Dr Courties. « Une atteinte évoluée des MCP doit donc continuer à faire évoquer un autre diagnostic comme une PR, une chondrocalcinose ». La présence de cette arthrose radiographique des MCP s’associait à un âgé élevé, la présence d’une arthrose scapho-trapézienne (base du pouce), un nombre plus élevé d’articulations interphalangiennes proximales (IPP) touchées, « tous les patients ayant pratiquement au moins 4 IPP atteintes », et le fait d’avoir un métier manuel, « ce qui suggère qu’un facteur mécanique intervient ».
Evaluation de la stimulation du nerf vague Les objectifs des rhumatologues parisiens sont aujourd’hui d’analyser les paramètres favorisant la progression radiographique de l’arthrose digitale, d’évaluer son association avec les maladies cardiovasculaires, d’étudier l’influence de gènes de susceptibilité comme ceux qui interfèrent avec la formation de collagène. Certains patients pourraient aussi être inclus dans un autre essai clinique randomisé contrôlé, Estival, qui va comparer les effets de la stimulation du nerf vague à une stimulation fictive chez 130 malades avec une arthrose digitale érosive et inflammatoire dans 16 centres de rhumatologie. En effet, on sait depuis les années 2000 que cette stimulation a des effets anti-inflammatoires et des études sur de petits nombres de patients ont, par exemple, été déjà réalisées dans la PR, le lupus. « La stimulation du nerf vague débouche indirectement sur une libération d’acétylcholine dans la rate, qui après interaction avec un récepteur nicotinique situé sur les macrophages, diminue la production de TNF et autres cytokines pro-inflammatoires. En outre, cette stimulation a des effets antalgiques », complète le Dr Courties. « Un essai pilote mené à l’hôpital Saint-Antoine, Adept, chez 18 patients avec une arthrose digitale a déjà suggéré que ce traitement pourrait diminuer la douleur arthrosique, mais il est indispensable de vérifier ces résultats dans un essai randomisé. » D’autres études cliniques comme Tidoa ont échoué à trouver un effet d’inhibiteurs d’interleukine 6 comme le tocilizumab dans l’arthrose digitale. Et, les autres biothérapies : anti-Il1, anti-TNF semblent malheureusement inefficaces dans cette pathologie. « Néanmoins, il ne faut pas baisser les bras, insiste le Dr Courties. On pourra proposer aux patients d’effectuer des exercices d’assouplissement des doigts, qu’on peut trouver sur internet, leur prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens sous forme topique à appliquer 2-3 fois par jour, des antalgiques notamment en cas de rhizarthrose, et éventuellement une orthèse dans la rhizarthrose ». *Le Dr Courties déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour les entreprises : UCB, BMS, Pfizer, Novartis.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus