Le Dr Iris Pauporté est déléguée à la Recherche de la Ligue Nationale contre le Cancer. Egora : La recherche sur les cancers pédiatriques a longtemps été qualifiée de "parent pauvre" de l’innovation thérapeutique. Est-ce le cas selon vous ? Dr Iris Pauporté : Cette appellation est en phase de devenir moins justifiée qu’avant. Elle l’était il y a encore quelques années, mais de grands progrès ont pu être réalisés par l’action d’association de parents et la communauté de chercheurs qui ont porté cette question de l’accès à l’innovation dans ce domaine. Les recherches en épidémiologie et en sciences humaines et sociales vont dans ce sens. Il y a aussi eu une incitation de la part du régulateur, l’Agence Européenne du Médicament, qui a exigé des essais spécifiques sur l’enfant pour un certain nombre de médicament. La loi du 8 mars 2019 a aussi posé la stratégie décennale de lutte contre le cancer. Elle définit les axes de recherche en cancérologie et l’affectation des moyens dont la part des crédits publics alloués à la recherche en cancérologie pédiatrique. Les choses évoluent. Alors que les cancers pédiatriques représentent moins d’1% des cas de cancers, la Ligue y a alloué 10% de son budget en 2019. Quel est le budget consacré ? Entre 2 et 3 millions d’euros chaque année. En 2019, 3,4 millions d’euros ont été injectés dans le financement de projet de recherche en onco-pédiatrie. Il y a aujourd’hui une structuration en réseaux de collaboration en recherche sur les cancers pédiatriques qui permet de voir arriver plus de projets de grande qualité scientifique. Ce qui explique ce financement plus important. La Ligue finance aussi chaque année de jeunes chercheurs, une dizaine de doctorants spécifiquement sur ces thématiques. Financer la recherche mais aussi former...
de futurs chercheurs a toujours été un souci constant pour nous. Une journée porte ouverte "Jeunes & Chercheurs" se tiendra à l’Université de Jussieu le 21 avril prochain. Quels sont les axes de recherche ? La Ligue a une action historique sur le cancer de l’enfant. Elle est le premier financeur privé de la recherche qui a lancé un appel spécifique sur cette thématique. Les cancers pédiatriques présentent une très grande hétérogénéité donc les sujets de recherche sont particulièrement étendus. Les projets financés portent sur des thématiques diversifiées, alliant la compréhension du déclenchement des cancers dans l’enfance et l’adolescence, leurs évolutions et les stratégies de traitements les plus efficaces. Des projets de recherche sur le suivi des effets à long terme des traitements, notamment l’impact des séquelles sur la vie après le cancer sont également soutenus afin d’identifier les mesures de prévention les plus appropriées. On sait par exemple que des cancers secondaires apparaissent suite aux traitements. Le risque de leucémie serait multiplié par 4 pour des personnes traitées pour un cancer durant l’enfance par rapport à la population générale. Plusieurs projets portant sur la préservation de la fertilité et l’information sur les possibilités aujourd’hui offertes en la matière aux jeunes patients ont été financés au cours des 15 dernières années. Grâce aux progrès de la recherche, 4 enfants et adolescents atteints d’un cancer sur 5 sont aujourd’hui guéris. Cependant, les efforts ne doivent pas être relâchés pour que tous soient un jour guéris. Où en est-on de l’innovation thérapeutique sur les cancers pédiatriques ? L’équipe de Christophe Grosset de l’Inserm travaille pour le traitement des cancers pédiatriques de mauvais pronostic (le gliome infiltrant du tronc cérébral et l’hépatoblastome de haut risque) par des médicaments qualifiés « d’intelligents » car ciblant très précisément le site de la tumeur sans endommager les tissus environnants. Ces travaux sont aujourd’hui réalisés sur des modèles expérimentaux. D’autres études sont soutenues par la Ligue comme le recours à l’immunothérapie dans certains cancers rares. On sait aujourd’hui que les cancers pédiatriques sont très souvent des cancers du développement (état embryonnaire), les cellules cancéreuses ne sont donc pas identifiées comme un corps étranger par l’organisme. Ce qui explique que l’immunothérapie ne soit pas encore très efficace chez les enfants. Des études sont en cours sur ce sujet.
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