La supplémentation en vitamine D ne prévient pas l’évolution vers un diabète de type 2 mais aurait un effet bénéfique sur l’insulinosécrétion

08/06/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Des études d’observation ont montré qu’un déficit en vitamine D était associé à une insulinorésistance et à une augmentation du risque ultérieur de diabète. Toutefois, les résultats des essais randomisés contrôlés avec supplémentation en vitamine D en prévention du diabète de type 2 sont discordants.

Une étude préalable a montré qu’une supplémentation en vitamine D était bénéfique chez les sujets ayant un pré-diabète et un déficit en vitamine D. Ceci a donc amené une équipe japonaise à évaluer si l’eldecalcitol, un analogue actif de la vitamine D, pouvait réduire le développement du diabète de type 2 chez des adultes ayant une intolérance au glucose. Ils ont mis en place une étude en double insu, multicentrique, randomisée versus placebo, dans 3 hôpitaux au Japon entre 2013 et 2019 chez des sujets âgés de plus de 30 ans qui avaient une intolérance au glucose définie lors d’une hyperglycémie provoquée orale. Les patients ont reçu soit de la vitamine D active à la dose de 0.75 µg par jour pour 630 d’entre eux, soit un placebo pour 626, et cela pendant 3 ans. Le critère d’évaluation principal était l’incidence du diabète. Sur les 1 256 participants, 571 soit 45.5 % étaient des femmes et 59 % avaient des antécédents familiaux de diabète de type 2. L’âge moyen des participants était de 61.3 ans, la concentration initiale de 25 OH vitamine D était de 20.9 ng/ml et 43.6% des participants avaient des concentrations de vitamine D < 20 ng/ml. Au cours d’un suivi médian de 2.9 ans, 79 (soit 12.5 %) du groupe eldecalcitol et 89 (soit 14.2 %) du groupe placebo ont développé un diabète de type 2, donnant un hazard ratio de 0.87 (IC 95 % = 0.67 à 1.17 ; p = 0.39). La régression à la normoglycémie était obtenue chez 23 % des patients du groupe eldecalcitol et 123 (soit 20.1 %) des patients du groupe placebo, donnant un hazard ratio de 1.15 (0.93 à 1.41 ; p = 0.21). Après ajustement pour les facteurs confondants par un modèle de Cox, l’eldecalcitol réduisait de manière significative le développement du diabète (hazard ratio = 0.69 ; 0.51 à 0.95 ; p = 0.02). De plus, l’eldecalcitol avait un effet bénéfique chez les participants qui avaient des niveaux inférieurs d’insulinosécrétion basale (hazard ratio = 0.41 ; 0.23 à 0.71 ; p = 0.001). Au cours du suivi, les densités minérales osseuses au niveau du rachis lombaire et du col fémoral et les concentrations d’ostéocalcine ont augmenté significativement sous eldecalcitol en comparaison du placebo (p < 0.001). Il n’y a pas eu de différence significative en termes d’effets secondaires. En conclusion, si le traitement par l’eldecalcitol ne réduit pas significativement l’incidence du diabète chez des sujets ayant un pré-diabète, il semble néanmoins exister un potentiel effet bénéfique de la vitamine D chez ceux qui ont une insulinosécrétion insuffisante.

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