Chez les patients en hyperthyroïdie, on pense que le temps passé en hyperthyroïdie a un effet cumulatif qui explique l’excès de mortalité. Mais dans ce contexte, quel est l’effet de l’hyperthyroïdie infraclinique, en particulier chez les patients traités par antithyroïdiens de synthèse ?
Une équipe d’épidémiologistes danois spécialisés dans la thyroïde a cherché à analyser l’association entre l’hyperthyroïdie et la mortalité, aussi bien chez les sujets traités que chez les sujets non traités. L’étude était basée sur une cohorte de 235.547 sujets qui avaient eu au moins une mesure de la TSH dans la période allant de 1995 à 2011 (suivi médian de 7.3 années). L’hyperthyroïdie était définie comme la présence d’une TSH basse à au moins deux occasions. Les taux de mortalité pour l’hyperthyroïdie traitée et non traitée ont été comparés avec des témoins euthyroïdiens et calculés en analyse de régression Cox multivariée avec ajustement pour l’âge, le sexe et les comorbidités. Les périodes cumulées de TSH basse étaient analysées comme une co-variable dépendant du temps. Le hazard ratio pour la mortalité était augmenté chez les hyperthyroïdiens non traités (HR = 1.23 ; IC 95 % = 1.12-1.37, p < 0.001) mais ne l’était pas chez les patients hyperthyroïdiens traités. Lorsqu’on incluait les périodes cumulées de TSH dans l’analyse de régression, le HR pour la mortalité pour chaque semestre où la TSH était basse était de 1.11 (1.09-1.13, p < 0.0001) chez les patients hyperthyroïdiens non traités (n = 1 137) et de 1.13 (1.11-1.15, p < 0.0001) chez les patients traités (n = 1 656). Ceci correspond à une augmentation de 184 % de la mortalité après 5 ans en cas de diminution de la TSH chez les patients non traités et à une augmentation de 239 % de la mortalité après 5 ans chez les patients ayant une hyperthyroïdie traitée. La mortalité est donc bien augmentée au cours de l’hyperthyroïdie. Les périodes cumulées de baisse de TSH augmentent la mortalité aussi bien chez les patients avec une hyperthyroïdie traitée que chez ceux qui ont une hyperthyroïdie non traitée, ce qui implique que l’excès de mortalité pourrait ne pas être dépendant de l’absence de traitement mais plutôt de l’incapacité à maintenir les patients en euthyroïdie. Il est donc fondamental d’avoir un suivi méticuleux des patients ayant une hyperthyroïdie, en particulier sous traitement, afin de maintenir une euthyroïdie biologique (avec TSH non basse) et ne pas se contenter d’avoir obtenu une T4 libre normale!
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