Le Dr Philippe Tuppin, épidémiologiste à la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam), a conduit avec des gastro-entérologues de l’hôpital Avicenne (Bobigny, 93) une étude à partir du système national des données de santé (SNDS) de l’année 2016, afin d’apprécier le poids économique des médicaments gastro-intestinaux. "L’analyse a pris en compte les médicaments remboursés pour des symptômes gastro-intestinaux (classification ATC), au sein de 57,5 millions de personnes, soit 86 % de la population." 130 millions de prescriptions remboursées ont été recensées pour 25,7 millions de sujets (45 % de la population française). Le montant total remboursé était de 707 millions d’euros (28 euros en moyenne par consommateur). Ce qui correspond, par extrapolation, à un coût global de 808 millions d’euros par an en France. Les médecins généralistes étaient de loin les premiers prescripteurs de ces médicaments (89,5 % contre 3 % pour les gastro-entérologues, 1,1 % pour les pédiatres). Les auteurs ont été étonnés d’observer que 24 % de ces 25,7 millions de personnes avaient eu une prescription d’inhibiteur de pompe à protons (IPP), "un taux élevé", a considéré le Dr Tuppin. On relevait ensuite 20 % de prescriptions pour troubles fonctionnels intestinaux (TFI), 10 % de laxatifs (ou de préparations coliques), la même proportion (10 %) d’anti-diarrhéiques, anti-inflammatoires/anti-infectieux intestinaux (Smecta), puis 7 % d’anti-émétiques et anti-nauséeux, 6 % de médicaments pour troubles de l’acidité, 5 % de médicaments de l’ulcère digestif et du reflux gastro-œsophagien (RGO) (sucralfate, acide alginique), et 2 % d’anti-acides. La prescription d’IPP représentait un montant de remboursement 10 fois plus élevé que celui des médicaments des TFI : 423 millions d’euros contre 47, et très supérieur à celui imputable aux autres médicaments : 76 millions pour les anti-diarrhéiques, 72 pour les laxatifs, 61 pour les anti-acides…. Augmentation avec l’âge Après un premier pic chez le nourrisson, puis une décroissance dans l’enfance, le taux de prescription d’IPP s’accroissait régulièrement avec l’âge chez les adultes pour dépasser 40 % au-delà de 75 ans. Les prescriptions de laxatifs augmentaient, elles-aussi, avec l’âge (près de 30 % à 75 ans). En revanche, les prescriptions de médicaments des TFI restaient stables, quel que soit l’âge, avec un taux plateau de 20 %.
"Le SNDS est utile pour suivre les pratiques face aux recommandations", a estimé le Dr Tuppin. "Si certains des résultats de cette étude correspondaient à des situations connues : premier pic de prescription des IPP (5 %) entre 0 et 1 an pour reflux, prescription d’IPP en cas d’utilisation chronique d’AINS (62 %), d’autres représentent probablement des situations cliniques discutables par rapport aux recommandations actuelles : comme une prescription de 15 % d’anti-diarrhéiques (Smecta) chez l’enfant de 2 à 9 ans, une prescription fréquente (50 %) d’IPP en cas d’insuffisance rénale terminale". "La Cnam réfléchit à la réalisation de campagnes de sensibilisation confraternelles", a admis le Dr Tuppin.
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