Paris Nash Meeting : le point sur les dernières données

10/07/2019 Par Marielle Ammouche
Hépato-gastro-entérologie

Près d’un français sur cinq est concerné par la stéato-hépatite non alcoolique (Nash), dont 200 000 personnes à très haut risque de développer des complications à type de cirrhose ou de cancer, alertent les hépatologues, qui recommandent de systématiser le dépistage chez les patients à risque, à l’occasion de la 5ème Paris Nash Meeting qui se tient les 11 et 12 juillet 2019 à l’Institut Pasteur.   Organisée par le Pr Lawrence Serfaty (CHU Hautepierre de Strasbourg), en partenariat avec l'Association française des hépatologues (Afef) et la Société francophone du diabète (SFD), la Paris Nash Meeting permet communiquer les dernières données scientifiques dans ce domaine. Grâce à la cohorte Constance, une évaluation précise de la prévalence de la Nash est désormais disponible. Et on connait mieux les facteurs de risque (sodas, tabac, alcool) et ceux qui, au contraire, apparaissent protecteurs vis-à-vis de cette pathologie (café, activité physique). En outre, des études établissent un lien scientifique entre glyphosate et Nash. Sur le plan épidémiologique, les analyses de la cohorte Constance de l’Inserm, qui porte sur le suivi de 200 000 volontaires, ont permis d’établir à 18,2% la prévalence de la Nash en France, soit 7,83 millions de personnes. Parmi elles, 2,6% présentent une maladie hépatique avancée (fibrose stade F3 et cirrhose) à haut risque de développer une cirrhose et/ou un cancer du foie. Ces chiffres ont été obtenus grâce à des marqueurs indirects non invasifs : le Fatty Liver Index, qui est calculé à partir de l'indice de masse corporelle (IMC), la circonférence de la taille, le taux de gamma GT et de triglycérides et l'indice de Forns (plaquettes, gamma GT, âge et cholestérol total). La Nash apparait deux fois plus fréquente chez l'homme (25,8%) que chez la femme (11,4%) et elle augmente avec l'âge. Huit patients obèses sur 10 sont concernés (79,1%) ; de même que plus de 6 patients diabétiques sur 10 (62,4%). Comme pour l'obésité et le diabète, il existe un impact socioéconomique important, les sujets ayant un faible niveau socio-économique étant le plus à risque. Un gradient nord sud est aussi observé.

Grâce à des questionnaires standardisés utilisés pour les participants de la cohorte Constance, les chercheurs ont pu analyser les liens entre divers facteurs et la Nash. Ils montrent ainsi que la consommation de sodas est délétère dès que l’on dépasse une cannette par jour. De même l'usage du tabac, avec plus 10 paquets/année augmente le risque. Et la consommation d’alcool, même de façon modérée, accroit aussi le risque de développer une stéatose métabolique et une Nash.  A contrario, les chercheurs ont confirmé l'effet protecteur du café au-delà d'une tasse de café non décaféiné par jour. La pratique d'une activité physique au-delà de deux heures par semaine diminue aussi le risque, et ce indépendamment de tous les autres facteurs de risque.

Dépistage systématique : intérêt du score FIB-4 Face à l’ampleur de cette pathologie, la question du dépistage apparaît majeure. Au CHU de Satrsbourg, où exerce le Pr Serfaty, a été mis en place depuis un an un test facile à calculer nommé FIB 4 (pour Score Fibrosis-4), disponible en ligne. Il se calcule par la formule :

Un score élevé est signe de fibrose. Les premières études avec ce test montrent sa fiabilité. Pour le Pr Serfaty, "face à des patients obèses ou diabétique, tous les médecins devraient systématiser le dépistage. Ce test est simple, non invasif, fiable et ne coute rien. Lorsque le score est > 1,3, il existe un risque significatif de NASH et le patient devrait être adressé en consultation chez un hépatologue".   Un lien avec le glyphosate Selon une étude récente (Mills et al. Clinical Gastroenterology and Hepatology, 25 avril 2019), il existe un lien entre glyphosate et développement de la Nash. Les chercheurs ont comparé l’excrétion urinaire de cette substance chez des patients présentant une Nash et chez ceux ne présentant pas de pathologie hépatique. Les résultats montrent, de façon significative, et "sans ambiguïté" soulignent les experts de la Paris Nash Meeting, que la quantité de résidus de glyphosate est significativement plus élevée chez les patients avec Nash que chez ceux ayant un foie sain. Et ce même après avoir éliminé les facteurs confondants que sont l'âge, la race, l’indice de masse corporelle (IMC), l'origine ethnique ou le statut de diabète. "En dehors des facteurs de risque métaboliques comme l'obésité ou le diabète qui étaient déjà connus, on sait maintenant que les facteurs environnementaux jouent également un rôle important dans la genèse des lésions hépatiques, résume le Pr Serfaty. Ces résultats suggèrent la nécessité de dépister dans la population générale, ou mieux dans les groupes à risque, les sujets ayant une fibrose avancée à l'aide de marqueurs non invasifs. Ces patients devraient entrer dans un programme de dépistage du cancer du foie et bénéficier à court termes d'un traitement par les nouvelles molécules, comme l'acide obéticholique qui vient récemment de la faire preuve de son efficacité dans cette pathologie. Par ailleurs, chez les sujets à risque de stéatose métabolique, il est impératif et urgent de recommander l'arrêt du tabac, des sodas, d'une consommation d'alcool même minime, et sans doute d'éviter l'exposition aux herbicides."

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