Pour l’Académie, la vaccination des séniors doit devenir un "objectif prioritaire"
Les plus de 65 ans représentent actuellement 21% de la population. Cette population s’accroît (+30% en 2070, selon les estimations de l'Insee), et est caractérisée par une immunosénescence, et un risque augmenté de contracter des maladies, et de développer des formes sévères d’infections. Pourtant les taux de couverture vaccinale des séniors vis-à-vis des différentes infections vaccinales restent "notoirement insuffisants", constate l’Académie nationale de médecine. Et ce, non seulement contre le Covid-19 et contre la grippe saisonnière, mais "plus encore contre les pneumococcies et le zona". En outre, force est de constater que les politiques gouvernementales dans ce domaine de vaccination sont bien plus orientées vers les plus jeunes (11 vaccinations obligatoires avant l’âge de 18 mois) que vers ces populations âgées. L’Académie nationale de médecine s’est donc saisie de ce sujet. Elle vient de publier un rapport assorti de plusieurs recommandations pour tenter d’améliorer la situation. La vaccination entraîne de nombreux bénéfices, et constitue "un facteur reconnu de vieillissement en bonne santé", rappelle l’Académie. Cependant actuellement, "la vaccination des personnes âgées ne figure pas parmi les objectifs prioritaires de santé publique chez les séniors". Les vaccinations concernant les pneumocoques, le Covid-19, le zona et le dTP font l’objet de simples recommandations dans le calendrier vaccinal. Et seule la grippe saisonnière bénéficie d’une campagne de promotion annuelle. Le grand public est trop peu informé de cette situation. Pour l’Académie nationale de médecine, il s’agit d’une "grave lacune de la médecine préventive" alors que ces infections peuvent être "graves, voire mortelles, mais évitables". Alors, quelles sont les leviers envisageables ? Les académiciens identifient plusieurs facteurs à cette faible couverture vaccinale. Tout d’abord, "l’extrême prudence des praticiens". Les auteurs soulignent le rôle majeur des médecins traitants dans la vaccination, et constatent parfois des "hésitations" face à la fragilité de leurs patients âgés. Le manque de temps en consultation constitue aussi un facteur à prendre en compte, empêchant le médecin d’aborder systématiquement la question du statut vaccinal de son patient. Il existe aussi souvent un "manque de coordination entre les différents acteurs de santé (médecins généralistes, spécialistes, pharmaciens, infirmières…)". Par ailleurs, les patients âgés peuvent souffrir d’isolement, ou présenter – comme pour tous les âges - une hésitation vaccinale avec une crainte des effets indésirables, qui "doit être levée par le médecin après qu’il se soit assuré de l’absence de contrindication", insistent les auteurs du rapport. Favoriser les nouveaux vaccins L’Académie souhaite donc renforcer la promotion de la vaccination chez les séniors. Pour cela, des efforts doivent être réalisés au niveau gouvernemental, avec la mise en place d’"une politique nationale de prévention assurant une protection vaccinale couvrant tous les âges de la vie". Il s’agit de "faire de la couverture vaccinale un axe fondamental des mesures de santé publique pour le 'bien vieillir'". L’idée est de rappeler que les bénéfices de la vaccination vont bien au-delà de la simple protection contre les maladies infectieuses ciblées. En particulier, la vaccination contre la grippe réduit la mortalité, les risques cardiovasculaires et d’événements respiratoires chez les patients à risque. En outre, plus largement, des recherches sont en cours concernant les liens entre vaccination et athérosclérose, mais aussi entre vaccination et maladies neurodégénératives. Le médecin traitant doit être au cœur de cette politique et bénéficier d’une actualisation régulière de ses connaissances. Toutes les opportunités doivent être saisies pour mettre à jour les vaccinations des personnes âgées : consultations, hospitalisations, voyages à l’étranger, campagnes de vaccination, etc. Pour les académiciens, cinq maladies doivent être ciblées par ce programme de vaccination des seniors : la grippe et le Covid-19, mais aussi les infections dues aux pneumocoques et au VRS, et le zona. Les experts insistent aussi pour rendre disponibles et promouvoir en routine "sans plus attendre" les nouveaux vaccins : Arexvy (GSK) et Abrysvo (Pfizer) contre le VRS, et Shingrix (GSK), vaccin adjuvanté contre le zona, qui sont autorisés en Europe mais ne font pas encore l’objet de recommandations en France. Mais aussi Efluelda (Sanofi Pasteur), vaccin plus fortement dosé contre la grippe, ou encore Apexxnar (Pfizer), vaccin conjugué adjuvanté étendu à 20 valences contre le pneumocoque. Ces vaccins sont spécialement adaptés aux séniors, permettant de surmonter l’immunosénescence. Les académiciens tablent aussi sur un plus grand usage du carnet de vaccination numérique, qui "doit être proposé dès le plus jeune âge et à l’ensemble de la population". Enfin, il convient de renforcer la couverture vaccinale des personnels de santé et aides à domicile qui travaillent au contact des personnes âgées.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?