THM et cancer du sein : le Gemvi identifie de nombreux biais à l’étude du Lancet
Cette vaste étude confirmait que le THM est associé à une augmentation du risque de ce cancer, qui s’accentue avec la durée de traitement et qui perdure jusqu’à 10 ans après l’arrêt du traitement. Si les spécialistes français reconnaissent qu’il s’agit là d’une volumineuse méta-analyse, qui présente des points d’intérêt (impact du surpoids en particulier), ils soulignent cependant que ces résultats ne sont pas nouveaux. Surtout, la méthodologie présente de nombreux biais du fait qu’il s’agit d’une compilation d’études d’observations relativement anciennes, "vieilles de plus de 20 ans et surtout concernant des traitements que nous n’utilisons plus depuis pratiquement 15 ans", affirment les deux sociétés dans un communiqués. En conséquence, ces données ne sont pas représentatives des pratiques aujourd’hui. Les principaux THM utilisés actuellement en France ne concernent que peu de cas de l’étude. Or, 'l’utilisation préférentielle en France de l’estradiol cutané et associé à la progestérone micronisée (PG) ou à la dihydrogestérone (DG) n’a pas ainsi été associée à un sur-risque de cancer du sein dans les études d’observation françaises pour des durées de traitement de l’ordre de 5 à 7 ans". Et "l’étude française E3N, qui avait montré l’absence de surrisque associé à la PG ou la DG pour une durée moyenne de traitement de l’ordre de 5 ans, n’a pas été incluse dans cette méta-analyse pour des raisons que nous ne connaissons pas". Autre biais : la non prise en compte réelle des autres facteurs de risque de cancer, et en particulier de la densité mammaire et des antécédents éventuels de biopsie mammaire.
En outre, l’étude du Lancet montrait une augmentation du risque de cancer pour toutes les tranches d’âge, dès 40 ans. Pour les gynécologues français, "ce résultat est soumis à un biais important lié au fait que les auteurs ont comparé, dans ces tranches d’âge, le risque de cancer du sein des femmes ménopausées précocement prenant un THM au risque de femmes ménopausées au même âge mais ne prenant pas le THM. Or, il est bien connu que le risque de cancer du sein diminue avec un âge précoce de la ménopause". Selon eux, "il aurait fallu comparer le risque de ces femmes jeunes ménopausées et prenant un traitement réellement substitutif (THS) à celui de femmes de même âge mais encore réglées, ce qui n’a pas été fait !". Ils préconisent donc de continuer à recommander un THS chez les femmes jeunes au moins jusqu’à l’âge de la ménopause physiologique normale. Enfin, les auteurs du communiqué critiquent le calcul du risque absolu, basé sur une association causale, "ce qui est fortement discuté". En conclusion, le Gemvi et le CNGOF considèrent que l’ensemble des résultats sont "largement critiquables". Ils regrettent que cette étude "s’attache (une nouvelle fois) à évaluer l’impact du THM qu’au travers de la lorgnette du cancer du sein", omettant de mettre en balance l’ensemble des bénéfices du THM (symptômes climatériques, ostéoporose, maladies cardiovasculaires, mortalité globale). Ils rappellent aussi que l’incidence du cancer du sein a continué à augmenter dans les pays européens, malgré un effondrement des prescriptions de THM.
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