La détection précoce du cancer du pancréas est donc essentielle pour améliorer la survie globale. Toutefois, l’incidence du cancer du pancréas est basse et le dépistage dans la population générale n’est ni pratique, ni coût/efficace. Dans des groupes à haut risque de cancer du pancréas, il est donc intéressant d’essayer d’améliorer ce dépistage. C’est probablement le cas du diabète sucré qui est associé à un risque de cancer du pancréas. Au moment de leur diagnostic, 30 à 50 % des personnes à qui l’on vient de diagnostiquer un cancer du pancréas ont aussi un diabète. Surtout, les diabètes associés au cancer du pancréas semblent survenir 2 à 3 ans avant le diagnostic de cancer. Certaines études montreraient que le diabète sucré, dans ces cas, est un phénomène paranéoplasique induit par le cancer du pancréas. Afin de vérifier ces données et de savoir si l’incidence du cancer du pancréas est supérieure chez les patients diabétiques en comparaison des non-diabétiques, une équipe coréenne a voulu également vérifier si le diagnostic de cancer du pancréas était plus fréquemment fait au moment du diagnostic du diabète qu’après une période prolongée de diabète. Ils ont pour cela utilisé les données de l’assurance maladie nationale coréenne entre 2002 et 2013 ; 98 396 sujets diabétiques ont été comparés à une population appariée de non diabétiques.
L’incidence du cancer du pancréas est supérieure dans le groupe des sujets ayant un diabète sucré en comparaison du groupe n’ayant pas de diabète sucré (0.52 % vs 0.16 % ; p < 0.001). Le groupe des patients ayant un diabète sucré a un risque de développement du cancer du pancréas différent en fonction de la durée depuis le diagnostic de diabète. En effet, le hazard ratio en cas de diabète sucré de diagnostic récent est de 3.81 (IC 95 % = 2.97 – 4.88 ; p < 0.01) alors que le hazard ratio, quand le diabète a été diagnostiqué depuis longtemps, est de 1.53 (1.12 – 2.11 ; p < 0.001). Lorsque les groupes « diabète de diagnostic récent » et « diabète de longue ancienneté » sont comparés, le risque de cancer du pancréas est supérieur dans le groupe des diabétiques de diagnostic récent en comparaison des diabétiques pour lesquels le diagnostic a été fait longtemps avant : le hazard ratio est de 1.55 (p = 0.020). En analyse par sous-groupes, le groupe des patients dont le diagnostic de diabète a été fait récemment montre que les hommes (HR = 4.42) et les patients qui sont dans la cinquantaine (HR = 7.54) sont à risque supérieur de développer un cancer du pancréas en comparaison du groupe témoin non diabétique apparié pour le sexe et l’âge.
En conclusion, le risque de cancer du pancréas est supérieur chez les patients diabétiques en comparaison des non diabétiques. Chez les diabétiques, un diabète de découverte récente est à risque supérieur de cancer du pancréas qu’un diabète dont le diagnostic a été fait depuis longtemps.
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