Moduler l'action des bactéries intestinales, en implantant dans le tube digestif un dispositif contenant des enzymes ou des germes : telle est la voie thérapeutique inédite développée par une équipe du CNRS pour cibler des pathologies comme le diabète et l'obésité, mais aussi des maladies cardiovasculaires, la maladie de Parkinson...
Un petit "réacteur" qui flotte à l'intérieur de l'intestin, rempli d'enzymes ou de bactéries qui, à travers une membrane semi-perméable, peuvent réagir avec le contenu intestinal... C'est avec ce dispositif innovant que des chercheurs du laboratoire TIMC-IMAG (Techniques de l’ingénierie médicale et de la complexité – Informatique, mathématiques et applications) de Grenoble (Unité Mixte de Recherche CNRS Université Joseph Fourier UMR 5525) envisagent de soigner durablement des patients qui souffrent du diabète ou d'obésité. Les enzymes ou bactéries contenues dans le dispositif peuvent moduler l'action du microbiote intestinal et soustraire ainsi des nutriments, du glucose par exemple, à l'absorption intestinale. Les chercheurs grenoblois ont d’abord démontré que cela fonctionnait in vitro. Puis, dans un second temps, ils ont montré la faisabilité de l'implantation du dispositif par voie endoscopique dans l'intestin de porcs. Ce dispositif, qui a fait l'objet d'un dépôt de brevet, est fixé par une "ancre" dans l'estomac, à proximité du pylore. Et la partie active, attachée au bout d'un fil d'une dizaine de centimètres, vient flotter dans le début de l'intestin. Le projet est entré en phase de maturation avec le soutien de Linksium, une société d’accélération du transfert de technologies (SATT) de Grenoble Alpes. L’objectif des chercheurs est d’explorer in vivo les performances du modulateur de microbiote sur le métabolisme. Pour cela, il faut étudier le microbiote in situ. L'équipe a mis au point et breveté une capsule ingérable qui s'ouvre, recueille le microbiote puis se referme, et qu'il ne reste plus qu'à récupérer dans les selles. "Cette capsule a un potentiel d'applications bien plus large dans de nombreuses pathologies, pour affiner le diagnostic ou contrôler l'efficacité d'un traitement", souligne Philippe Cinquin, directeur du laboratoire. Les premiers essais cliniques sont prévus dès 2018.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus