Vaccination anti-HPV : la déclaration d’effets indésirables par les médecins influencée par la médiatisation
Les taux de couverture par le vaccin contre le papillomavirus (HPV) n’excèdent pas 20% en France. En cause, en particulier, des doutes infondés qui ont longtemps existé sur l’innocuité du vaccin, et qui persistent malgré les études scientifiques et les données épidémiologiques nationales et internationales qui ont affirmé sa bonne tolérance. Dans ce contexte, des chercheurs italiens (Université de Bologne) ont mené une étude en vie réelle, qui apporte un regard nouveau sur les effets secondaires liés à ce vaccin. Ils ont en effet tout d’abord analysé les déclarations des effets indésirables effectuées par les médecins américains entre janvier 2007 et décembre 2017, et rapportées dans le Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS), une base de données des Etats-Unis. Mais l’originalité de cette étude réside dans le fait que ses auteurs ont ensuite comparé l’évolution de ces déclarations à celle du volume de recherches effectuées sur internet sur ce sujet. Ainsi, pendant cette période de 11 ans, 55 356 effets indésirables liés à un des trois vaccins anti-HPV (Gardasil, Gardasil 9 de MSD et Cervarix de GSK) ont été répertoriés dans le VAERS. Le plus grand nombre de déclarations concernait Gardasil (n = 42 244), soit 77,1%. Venait ensuite Gardasil 9 (13,1% des déclarations) et Cervarix (7,1%); et pour 2,8%, le type de vaccin était inconnu. Les deux événements les plus fréquemment rapportés et statistiquement significatifs étaient des vertiges (n = 6 259; OR = 2,60; intervalle de confiance à 95%: 2,53-2,66) et des syncopes (n = 6 004; OR = 6,28; IC95[ 6.12-6.44]). Ont ensuite été constatés des maux de tête (5562), des nausées (4307) et de la fatigue (3212). Pour les auteurs, il s’agit de symptômes non sérieux et non liés au produit mais plutôt à la modalité d’administration par injection. Des "signaux" non connus à investiguer Certains signaux de sécurité potentiels spécifiques ont cependant été mis en évidence. Ils avaient une fréquence supérieure à ce qui est observé avec les autres vaccins. Il s’agissait du syndrome de fatigue chronique (OR = 44,02 ; IC95[37,88-51,15]), et du syndrome de tachycardie orthostatique posturale (OR=9,19 ; IC95[7,77-10,86]). Bien que rares, ces syndromes "mériteraient une enquête plus approfondie", affirment les chercheurs. Les auteurs ont ensuite observé, au cours de la même période, le volume de recherches effectuées sur internet dans ce domaine de la vaccination anti-HPV. Pour cela, ils ont utilisé Google Trends, un outil de suivi en ligne qui indique à quelle fréquence un terme de recherche est entré par rapport au volume total de recherche dans différentes régions du monde ; l'analyse pouvant s’effectuer par terme ou par sujet. Pour cette étude, les mots-clés "Human Papilloma Virus Vaccine" ont donc été choisis. Les pharmacologues ont alors pu observer que la courbe comportait plusieurs pics : "l'intérêt pour le sujet était élevé en 2006, année de commercialisation de Gardasil aux États-Unis. Puis la tendance a diminué jusqu'en 2010; un autre pic a été enregistré entre 2010 et 2011. De 2011 à 2012, il y a eu une nouvelle baisse des recherches, suivie d'une augmentation en 2013 (troisième sommet) et une nouvelle baisse entre 2013 et 2014. De 2014 à 2016, le volume de recherches a encore augmenté atteignant le quatrième sommet en 2016", détaillent les auteurs dans leur article. Importance de la communication Ils se sont alors aperçus que la courbe dans le temps des rapports spontanés par les praticiens et celle des recherches Google suivaient globalement les mêmes évolutions : à quelques exception près, "on constate que les tendances se chevauchent", écrivent-ils. "En général, quand le volume de recherches sur Google augmente, le nombre de déclarations (par les médecins) augmente également." Pour l’équipe à l’origine de ces travaux, il existerait donc une relation possible entre les recherches sur le web et les déclarations d’effets indésirables par les praticiens. En conclusion, les auteurs de cette étude considèrent que ces résultats sont conformes aux données des RCP vaccinaux et aux résultats des enquêtes de sécurité menées par les différentes autorités de santé. Ils soulignent le bon profil de tolérance des vaccins anti-HPV "compte tenu du nombre élevé de cas de cancer prévenus et du faible taux d’effets indésirable graves". Ils évoquent le fait que "de nouveaux signaux ont émergé qui ont besoin d'une enquête plus poussée". Ils soulignent enfin l’"importance de diffuser une information scientifique fondée sur des preuves, effectuée avec une communication efficace, afin de réduire et éventuellement inverser le déclin de la couverture vaccinale".
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