
Épidémie de grippe : un bilan particulièrement sévère cette saison
L'épidémie de grippe a été précoce, longue et particulièrement sévère au cours de la saison 2024-2025. Ainsi, selon Santé publique France, elle a été marquée par un nombre "très élevé" de cas graves, et une mortalité "considérable", avec un excès d’environ 14 100 décès toutes causes, et près de 5 000 décès directement liés à la grippe.

L’épidémie qui vient de se terminer a duré 12 semaines (contre 10 en moyenne entre 2011 et 2024). Elle a démarré de façon précoce début décembre et s’est terminée fin février, avec un pic atteint fin janvier.
L’épidémie a été intense en ville représentant 27,8% de l’ensemble des actes médicaux tous âges confondus (contre 25,4% lors du précédent record de 2022-2023). Il y a eu environ 2,7 millions de consultations pour syndrome grippal (estimations du réseau Sentinelles), et près de 224 000 actes SOS Médecins.
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François Pl
Non
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Cette forte intensité a aussi été ressentie à l’hôpital. Toutes les classes d’âge ont été concernées, mais particulièrement les moins de 5 ans et les plus de 65 ans. Ainsi, il y a eu plus de 29 100 hospitalisations après passage aux urgences, dont 60% concernaient des personnes de 65 ans ou plus. Lors du pic hospitalier début janvier, on constatait "un niveau d’intensité exceptionnellement élevé dans toutes les classes d’âge", affirme ainsi SPF.
De plus, 1 879 cas graves ont été admis en réanimation, majoritairement des adultes de 18 ans ou plus (89%), avec des comorbidités (86%), et pour 79% d’entre eux, non vaccinés - tout du moins pour ceux chez qui le statut vaccinal était connu (62%).
Par ailleurs, 4 033 signalements d’épisodes d’infections respiratoires aiguës (IRA) ont été enregistrés dans des établissements médico-sociaux, dont 40% exclusivement attribués à la grippe.
Le pic de mortalité a été observé lors de la deuxième semaine de janvier. Dans près de 5 000 décès, la grippe était mentionnée comme étant directement liée au décès. Dans 82% des cas, cela concernait des personnes de 65 ans ou plus.
Co-circulation des trois virus grippaux
Sur le plan virologique, l’épidémie 2024-25 a été caractérisée par "une co-circulation à des niveaux élevés des trois virus grippaux saisonniers, ce qui est inhabituel", souligne SPF. Dans la première partie de l’épidémie, le sous-type A(H1N1)pdm09 était légèrement prédominant par rapport au sous type A(H3N2) et au virus B/Victoria ; puis sa part a diminué progressivement au profit des deux autres.
Les premières estimations montrent, par ailleurs, l’insuffisance des couvertures vaccinales, estimées à 46,5% chez les personnes à risque, 53,7% chez les 65 ans ou plus, et 25,3% chez les moins de 65 ans à risque. Des taux stables par rapport à la saison précédente.
Selon les estimations du réseau Sentinelles et du CNR, l’efficacité du vaccin a été globalement "modérée" pour l’ensemble des groupes à risque, avec 47% d’efficacité. Elle atteignait cependant 59% chez les personnes de moins de 65 ans avec facteurs de risque ; mais était de seulement 38% chez les 65 ans ou plus.
Enfin, concernant les DROM, l’épidémie a été de courte durée à La Réunion, mais se poursuivait encore en Guyane, aux Antilles, et à Mayotte en semaine 15 (du 7 au 13 avril).
Pour SPF, "plusieurs facteurs ont sans doute contribué à ce fort impact de la grippe sur la population française cette année, en particulier la co-circulation à des niveaux élevés des trois virus grippaux, la couverture vaccinale insuffisante, l’efficacité du vaccin faible à modérée chez les personnes âgées de 65 ans ou plus, ou encore la forte circulation de la grippe chez les enfants en âge d’être scolarisés au moment des fêtes de fin d’année, ce qui a pu favoriser la contamination des personnes âgées ou des enfants en bas âge, plus à risque de formes graves de la grippe".
Références :
D’après Santé Publique France (16 avril)
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