Wegovy

Traitement médicamenteux de l’obésité sévère : vers un remboursement de Wegovy

La Haute Autorité de santé a décidé de rendre un avis favorable au remboursement du sémaglutide (Wegovy, Novo Nordisk) dans la prise en charge de l’obésité, mais uniquement chez l’adulte ayant un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 35 kg/m², et en deuxième ligne de traitement après échec du régime seul.

05/12/2024 Par Dre Marielle Ammouche
Endocrinologie-Métabolisme Nutrition
Wegovy

Il s’agit d’une deuxième évaluation de la HAS. Dans la première, datant de fin 2022, la HAS avait donné un avis favorable au remboursement de cet anti GLP-1, avec un service médical rendu (SMR) "important", mais une absence d’amélioration du SMR (ASMR). Elle avait conditionné le maintien de cet avis à la réévaluation du produit dans un délai maximum de 2 ans, à la lumière de nouvelles études concernant l’impact sur le risque cardiovasculaire. Elle avait aussi préconisé une limite d’âge, à savoir chez les sujets de 65 ans ou moins. Dans cette nouvelle évaluation, l’autorité sanitaire a modifié son ASMR, la jugeant dorénavant à IV (mineure). Elle a aussi supprimé la limite d’âge.

Ce nouvel avis repose sur les résultats de plusieurs essais. L’étude Select, en particulier, a démontré la supériorité du sémaglutide par rapport au placebo, avec une réduction de 20% des événements du critère de jugement composite (décès cardiovasculaires, IDM et AVC non fatals), chez des patients obèses non diabétiques avec au moins un antécédent de maladie cardiovasculaire. L’étude Step HFpEF a aussi montré la supériorité du sémaglutide par rapport au placebo, sur la qualité de vie et la perte de poids, chez des patients obèses avec une insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée. En outre, le profil de tolérance était favorable (événements indésirables principalement gastrointestinaux).

En revanche, dans Select, il n’y a pas eu de preuve d’efficacité du sémaglutide sur les décès cardiovasculaires seuls, et le produit n’a montré qu’une réduction "modeste" du risque cardiovasculaire. En outre, il n’a pas eu d’effet cardiovasculaire chez les patients ayant un IMC inférieur à 30 kg/m2, ni en prévention primaire.

L’indication préconisée par la HAS précise que le médicament doit être prescrit "en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle bien conduite (< 5 % de perte de poids à six mois), en complément d'un régime hypocalorique et d'une augmentation de l'activité physique pour la gestion du poids, incluant la perte de poids et le maintien du poids". En outre, l'autorité de santé recommande que sa prescription ne soit effectuée qu’après l’avis d’un spécialiste dans la prise en charge de l’obésité. En revanche, du fait de l’absence de donnée comparative versus les autres analogues du GLP-1 indiqués dans l’obésité, Wegovy "ne peut être hiérarchisé versus ces molécules". Toutefois, "le sémaglutide est le seul médicament ayant apporté la preuve d’un bénéfice cardiovasculaire", précise la HAS.

Elle considère aussi que l’arrêt du traitement par sémaglutide doit être posé, en cas d’échec (moins de 5% de poids à 6 mois, absence du maintien du poids perdu, poursuite de la prise de poids, …). Et elle souligne le manque de données concernant un possible effet rebond à l’arrêt du traitement.

Par ailleurs, la HAS donne un avis défavorable au remboursement de Wegovy dans les autres situations couvertes par l’indication de l’autorisation de mise sur le marché (AMM).

"Avec ce nouvel avis, notre objectif est d'obtenir dans les meilleurs délais un remboursement de Wegovy" dans les cas définis par la HAS, a réagi le fabricant danois Novo Nordisk dans un communiqué. "Cela permettrait notamment d'assurer une prise en charge du traitement pour les patients actuellement en continuité de traitement jusqu'à fin janvier 2025, dans le cadre de l'accès précoce octroyé à Wegovy", ajoute le groupe pharmaceutique.

Wegovy s’administre en une injection hebdomadaire avec un dosage progressif. Il a été autorisé par l'agence européenne du médicament début 2022 pour la gestion de l'obésité chez les adultes et depuis 2023 pour les adolescents de plus de 12 ans.

L'agence de santé prévoit "une réévaluation systématique de la poursuite du traitement" au-delà de deux ans.

Références :

D’après l’avis de la Haute Autorité de santé, mis en ligne le 4 décembre. Avec AFP

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