Diabète et obésité : l’horloge biologique, facteur modifiable émergent
Les heures du coucher et des repas influent aussi sur les risques de diabète de type 2 et d’obésité. Présentés lors du congrès, plusieurs travaux confirment l’importance du rythme circadien, envisagé comme un nouveau facteur de risque modifiable.
Maladies en grande partie liées à l’alimentation et à l’inactivité physique, le diabète de type 2 et l’obésité semblent aussi sous l’influence de l’horloge biologique. Selon plusieurs travaux, les couche-tard sont ainsi plus à risque de surpoids et de DT2 que les lève-tôt – un phénomène également observé chez les travailleurs de nuit, surexposés à ces maladies. Toutefois, un doute subsistait quant à la possibilité que ce sur-risque métabolique ne soit pas directement lié au rythme circadien, mais à d’autres facteurs(1).
En effet, les night owls (« chouettes nocturnes »), selon l’appellation anglaise, présentent un mode de vie généralement moins sain que les morning larks (« alouettes matinales »), s’illustrant par un tabagisme plus fréquent, une consommation plus élevée d’alcool, un régime alimentaire moins équilibré. Or une étude présentée au congrès de l’EASD par le Dr Jeroen van der Velde, épidémiologiste au centre médico-universitaire de Leyde (Pays-Bas), révèle que le risque de diabète de type 2 subsiste après prise en compte de ces mauvaises habitudes.
Pour montrer cela, le chercheur néerlandais et son équipe ont analysé près de 5 000 personnes en surpoids ou obésité, dont 219 ont développé un diabète de type 2 au cours d’un suivi de 6,6 années. Parmi les 20 % de personnes appartenant au chronotype le plus tardif (évalué selon le point médian du sommeil nocturne), le risque de diabète de type 2 était accru de 55 % par rapport à celles de chronotype intermédiaire, après prise en compte du tabagisme, de la consommation d’alcool, de l’activité physique, de la qualité du régime alimentaire et de la durée de sommeil.
Une désynchronisation par rapport à l’heure réelle
Cause possible de ce sur-risque diabétique, ces personnes présentent aussi un tour de taille et un niveau de graisse viscérale plus élevés, là aussi de manière indépendante du mode de vie. Selon Jeroen van der Velde, « l’horloge interne des personnes de chronotype tardif est désynchronisée par rapport à l’heure réelle, et au rythme des diverses activités, sociales ou professionnelles, qui régissent la société. Ce qui peut entraîner des perturbations métaboliques, engendrant in fine un diabète de type 2 ». Prochaine étape pour l’équipe néerlandaise, évaluer si des interventions visant à modifier le rythme circadien de ces personnes apportent quelque bénéfice en matière métabolique.
Outre les heures de lever et de coucher, le timing des repas au cours de la journée pourrait aussi influer sur le risque métabolique. Dans une étude menée sur 92 personnes, la Pre Olga Pivovarova-Ramich, de l’Institut allemand de nutrition humaine (Nuthetal, Allemagne) et ses collègues montrent que les personnes prenant leur repas plus tard dans la journée, voire celles habituées à prendre une collation avant d’aller au lit, présentent un tour de taille plus élevé et une moindre sensibilité à l’insuline, élément précurseur d’un diabète de type 2.
Les bénéfices du jeûne intermittent
Au-delà du simple constat scientifique, la découverte de l’importance du rythme circadien sur le métabolisme pourrait déboucher sur de nouvelles mesures hygiénodiététiques. Parmi les stratégies les plus prometteuses, le jeûne intermittent consiste à limiter ses repas à une période fixe de huit heures, puis à s’abstenir de manger pendant les seize heures restantes. Lors d’un essai contrôlé récemment publié, mené sur 108 personnes atteintes de syndrome métabolique (donc à risque élevé de diabète de type 2), des gains modestes, mais significatifs, ont été observés à trois mois en termes de poids et de glycémie(2).
De faible effectif (15 personnes), l’étude menée par la Dre Kelly Bowden Davies, de la Manchester Metropolitan University (Royaume-Uni), et ses collègues suggère que les bénéfices du jeûne intermittent pourraient émerger très rapidement. En seulement trois jours d’intervention, les chercheurs ont observé plusieurs évolutions favorables parmi les participants, initialement peu actifs et en surpoids : perte pondérale de 1,1 kg, baisse de la glycémie moyenne (-3,6 mg/dl), gain de 3,3 % du temps passé dans la cible glycémique, baisse de la variabilité glycémique. En revanche, l’étude, peut-être en raison de sa courte durée, a échoué à montrer une différence significative selon que la fenêtre alimentaire était fixée entre 8 h et 16 h ou entre 12 h et 20 h.
- Kianersi S, et al. Annals of Internal Medicine, 12 septembre 2023.
- Manoogian ENC, et al. Annals of Internal Medicine, 1er octobre 2024.
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Références :
Congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD 2024), du 10 au 13 septembre 2024, Madrid. D’après les présentations de la Pre Olga Pivovarova-Ramich (Nuthetal, Allemagne) et des Drs Jeroen van der Velde (Leyde, Pays-Bas) et Kelly Bowden Davies (Manchester, Royaume-Uni) lors des sessions « The many facets of weight and type 2 diabetes risk », « Can you change what you are by what you eat ? » et « Improving metabolism through nutrition ».
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