Les faits remontent au 21 juillet dernier, à l’hôpital de Lunel (Hérault). Un patient âgé de 55 ans doit être transféré à l’hôpital de Montpellier pour effectuer une consultation mais ce dernier refuse de monter dans l’ambulance et provoque un esclandre, obligeant l’hôpital à déclencher une procédure de fugue. Il réapparaît quelques instants plus tard dans le service de médecine polyvalente de l'établissement, avec sa fille. La médecin qui doit le prendre en charge, lui explique qu’il ne “peut pas agir de la sorte”. Le ton monte entre les deux parties “Sa fille, très agressive, s’est emportée en me disant qu’ils faisaient ce qu’ils voulaient et que le personnel médical était là pour leur obéir !”, poursuit la médecin, qui reconnaît que “ce type de réflexions est devenu [son] quotidien”. La fille du patient l’insulte, la menace de mort et finit par la gifler. “Je l’ai repoussée sèchement puis je me suis éloignée. Je suis rentrée dans le bureau. La cadre est intervenue. Et les forces de l’ordre ont été appelées. Mais lorsqu’elle sont arrivées, elle avait quitté les lieux. Son père, âgé de 55 ans, était dans son fauteuil roulant, tout sourire, en train de filmer la scène.” Le patient a ensuite agressé le personnel jusqu’à le menacer de mort. Les policiers ont dû intervenir et le faire quitter les lieux après avoir menacé de se défenestrer. Le quinquagénaire a finalement été transféré dans le cadre d’une hospitalisation sous contrainte, à l’hôpital psychiatrique de La Colombière à Montpellier. “Ce sont des gens ingérables qui sont dans la toute-puissance. Ils se croient au-dessus de tout règlement. Lui est quelqu’un de très agressif verbalement et qui se permet de filmer tous les actes, notamment les changements de pansement et les conversations médicales. Sa fille, âgée d’une trentaine d’années, s’est toujours montrée irrespectueuse de nos conditions de travail, faisant fi des horaires de visites et débarquant avec ses deux enfants en bas âge alors que le règlement l'interdit”, précise la médecin, qui avait prévenu l’administration deux jours plus tôt pour leur dire que ce patient risquait de poser problème “au vu de son comportement et de ses antécédents”.
Pour la médecin, ce type d’infractions ne peut plus continuer. “De nos jours, on accepte les insultes, les menaces, et les gifles. En ce qui me concerne, je trouve que ce sont des faits graves. Je ne demande pas de dommages et intérêts mais juste qu’il y ait une prise de conscience de la part de la mise en cause sur un comportement inadapté. Je suis persuadée que si elle avait eu un objet dans la main ce jour-là, elle m’aurait frappé avec”, se rappelle celle qui travaillait au sein de l’établissement depuis trois ans. “Le jour de l’agression on m’a même dit : ‘Mais aux urgences, vous avez dû voir bien pire !’ Eh bien non, je n’avais jamais été frappée avant. Ni aux urgences, ni en milieu carcéral où j'ai également travaillé. Je n’en ai pas dormi pendant quinze jours. C’est extrêmement traumatisant. Quand j’y repense, ce n’est pas anodin d’insulter, menacer de mort et frapper un médecin”, explique-t-elle. La praticienne a continué à travailler à la suite de son agression puis a été arrêtée la semaine suivante. La médecin estime ne pas avoir été prise en charge convenablement. “J’aurais eu un soutien, une écoute, une prise de conscience, j’aurais pu continuer. Mais là non, c’était plus fort que moi”, confie-t-elle. A bout, la praticienne a préféré démissionner. “J’ai trouvé un nouveau poste dans une entreprise privée d’hospitalisation à domicile”, confie celle qui “attends désormais des suites judiciaires” par rapport à son agression. Pour l’heure, la fille du patient “n’a toujours pas été auditionnée”, indique l’avocat de la praticienne. “Le dossier a été transmis au commissariat de Montpellier”, poursuit-il. L’avocat a également précisé avoir envoyé deux courriers aux ministères de la Santé et de la Justice, concernant l’agression. [Avec Midi Libre]
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