Après un été où l'hôpital et en particulier les urgences ont été sur le fil du rasoir, la réponse de l'exécutif pour tenter de conjurer la crise était attendue au tournant par le monde de la santé. "On a besoin de votre aide pour tenir", a ainsi déclaré un médecin régulateur du Samu de Seine-Maritime à la Première ministre, Elisabeth Borne, en visite jeudi 31 août soir à Rouen.
En réponse, la cheffe du Gouvernement a annoncé qu’une nouvelle enveloppe d’1 milliard d’euros allait être débloquée avec à la clef la promesse d'un "choc d'attractivité", selon Matignon. Pour Elisabeth Borne, "l'enjeu" est de reconnaître ces "contraintes particulières qu'ont les médecins" et soignants à l'hôpital : "le travail de nuit, le dimanche et les jours fériés".
Au total, l’enveloppe débloquée par le Gouvernement est de 1,1 milliard d’euros : 600 millions correspondent à des revalorisations déjà annoncées mais qui sont "pérennisées" et 500 millions concernent de nouvelles mesures, qui seront inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024, a précisé Matignon.
Les infirmières et les aides-soignantes revalorisées
Pour fidéliser les personnels paramédicaux, qui fuient de plus en plus l'hôpital, "on va majorer de 25% la rémunération pour les aides-soignantes, les infirmières", a d’abord annoncé Elisabeth Borne. Pour les personnels non-médicaux, le Gouvernement prévoit aussi une hausse de 20% de l'indemnité pour travail du dimanche.
Les gardes et astreintes des médecins augmentées
Quant aux médecins, "on va pérenniser l'augmentation de 50% des gardes qu'on avait expérimentée depuis l'été dernier, et elle va s'étendre à tous les médecins, aussi bien du public que du privé", a déclaré Elisabeth Borne.
Dernière mesure les concernant : les rémunérations des astreintes des médecins de l'hôpital public vont être "alignées" sur celles du privé.
Selon le ministère de la Santé, ces revalorisations concernent aussi le personnel du Samu et donc les assistants de régulation médicale, en grève depuis début juillet pour demander une meilleure reconnaissance face à une "explosion" du nombre d'appels ces derniers mois.
Enfin, dernière mesure annoncée par Elisabeth Borne : la possibilité pour tous les pharmaciens, sous conditions, de prescrire directement des antibiotiques aux patients atteints d'infections urinaires ou d'angines après réalisation d’un Trod. Jusqu’alors, les pharmaciens devaient obligatoirement faire partie d’une CPTS ou d’une MSP.
Aujourd'hui, "on a tous les leviers" pour "mettre ce coup de pied au fond de la piscine, ressortir la tête de l'eau", a conclu Aurélien Rousseau. La Fédération des hôpitaux de France (FHF) a réagi en se félicitant d'un "signe fort" demandé "de longue date". Pour Agnès Ricard Hibon, porte-parole de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), "ces revalorisations ciblent les périodes à forte pénibilité" et vont "dans le bon sens". Mais "tout n'est pas une question d'argent", et il faut aussi améliorer les conditions de travail, a-t-elle dit à l'AFP. "Le Ségur était un premier pas de rattrapage, là on fait un deuxième pas, mais on en a une centaine de retard", a commenté Jean-François Cibien, président de l'intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH), pour qui des efforts supplémentaires seront encore nécessaires.
[avec AFP]
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