"On se considère comme des partenaires des médecins" : le DG de la Cnam réagit à l'échec des négos 

28/02/2023 Par Louise Claereboudt
Assurance maladie / Mutuelles
Alors que les principaux syndicats de médecins libéraux ont refusé de signer le projet de convention de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme a défendu ses propositions sur le plateau de "C à vous". Le patron de la Cnam a par ailleurs jugé "irresponsable d’appeler au déconventionnement", ciblant le président de l’UFML-S.

"C’est une occasion manquée", a déploré Thomas Fatôme ce lundi soir sur le plateau de "C à vous", reprenant les termes du ministère de la Santé. Il n’y a en effet "plus de suspense" sur l’issue des négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins libéraux. Si la fin des discussions est officiellement fixée à ce mardi 28 février minuit, les principaux syndicats de médecins libéraux ont déjà annoncé qu’ils ne signeraient pas le texte conventionnel proposé par la Cnam. Face à la journaliste Anne-Elisabeth Lemoine, le patron de la Cnam n’a pas caché sa déception, soulignant les "inquiétudes de beaucoup d’assurés" confrontés à des difficultés d’accès aux soins. Alors que les représentants des médecins ont décrit un projet de convention "humiliant", Thomas Fatôme a, lui, défendu un texte permettant de libérer "davantage de temps médical". "Cette convention n’est pas seulement une convention tarifaire, on accompagne aussi des transformations de l’organisation", a-t-il déclaré. Sur le plan tarifaire, "on a proposé un système à deux étages", a fait valoir le DG : "une revalorisation pour l’ensemble des médecins libéraux (+ 1,5 euro)" représentant "7 000 euros d’honoraires annuels en plus" par praticien, soit "un investissement de l’Assurance maladie de plus de 500 millions d’euros" ; et des niveaux de rémunération supérieurs "mais avec un engagement territorial". Des contraintes peu entendables pour les médecins qui ont le sentiment d’être tenus responsables de la dégradation de l’accès aux soins.

"Il ne s’agit pas de leur demander de travailler plus, a répondu Thomas Fatôme. Il s’agit de les accompagner et, par exemple, de leur proposer de recruter un assistant médical. Aujourd’hui, on finance une partie du salaire de cet assistant médical pour 4 000 médecins. On veut passer à 10 000." Le directeur général a ajouté que cet engagement territorial a pour objectif de "reconnaître ceux qui prennent [en charge] beaucoup de patients, et inciter les autres à en prendre davantage". Interrogé sur la revendication d’un C à 30 euros sans contrainte, portée par le syndicat MG France, Thomas Fatôme a maintenu sa position. "Comment être sûr que 30 euros de tarif de consultation va changer le système et qu’on ne se retrouve[ra] pas dans six mois, dans un an ou dans deux ans, avec encore davantage de patients qui n’ont pas de médecin traitant ?", a-t-il questionné. Face à cet échec après plus de trois mois de discussions, Thomas Fatôme s’est néanmoins montré opposé à "plus de contraintes" "Si on force...

les médecins à s’installer là où ils ne veulent pas aller, qu’est-ce qu’il va se passer ? Ils ne vont plus s’installer en libéral. Il faut garder l’attractivité de la médecine libérale sinon on aura encore davantage de problèmes d’accès aux soins dans notre pays."   "C’est irresponsable d’appeler au déconventionnement" Alors que doit s’engager sous peu la procédure de règlement arbitral, la pression s’accentue. Plusieurs milliers de médecins ont, dans ce contexte de tensions, prévu de participer aux assises du déconventionnement organisées par l’UFML-S du Dr Jérôme Marty. L’entourage du ministre de la Santé confirmait hier que "quelques" praticiens avaient demandé des informations à leur CPAM à ce sujet, et confiait espérer que cette menace "ne soit pas mise à exécution" car "elle prendrait en otage les Français". Interrogé par téléphone par nos confrères de "C à vous", le Dr Jérôme Marty a assuré que "des milliers et des milliers de médecins qui commencent à regarder le déconventionnement comme une solution", c’est-à-dire tourner le dos à l’Assurance maladie "pour aller construire un autre secteur avec les assurances privées et les mutuelles". "On en est là aujourd’hui, c’est historique", déclarait le syndicaliste qui entend faire pression sur le politique en brandissant la menace d’un déconventionnement massif. Un discours qui ne passe pas du côté de la Cnam. "C’est malheureusement assez grave de voir un président de syndicat de médecins appeler à se déconventionner", a réagi Thomas Fatôme sur le plateau. "Ça veut dire sortir du système d’Assurance maladie solidaire." Le DG de la Cnam a renchéri, estimant qu’il était "tout à faire irresponsable d’appeler à ce type de comportement". Celui-ci a toutefois indiqué que "l’immense majorité des médecins sont attachés à ce système" solidaire.  "On remarque que C à vous passe l’extrait jusqu’au bout où Jérôme Marty dit : 'si l’on a 15 000 médecins qui veulent se déconventionner nous irons voir les responsables politiques en leur demandant qu’est ce que vous faites pour les garder ?' C’est le sens de l’action, vous tentez de manipuler l’opinion Thomas Fatôme", a dénoncé l'UFML-S dans un billet publié sur son site deconventionnement.fr. "On se considère comme des partenaires des médecins, on veut construire avec les médecins libéraux un meilleur accès aux soins", a conclu Thomas Fatôme. [avec C à vous]

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

 
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