"Les attaques contre la profession ont atteint leur paroxysme" : unis, les six syndicats médicaux appellent à manifester le 14 février
"On devrait avoir le sourire aux lèvres et faire la fête mais le moins que l'on puisse dire c'est que la médecine libérale a la gueule de bois", a attaqué le Dr Franck Devulder, président de la CSMF, lors des vœux à la presse du syndicat, mercredi 25 janvier. Des vœux "combatifs", alors que la semaine dernière a été marquée par l'adoption à l'Assemblée nationale de la proposition de loi (PPL) Rist ouvrant un accès direct à certains paramédicaux et par la suspension des négociations conventionnelles, et que les prochains jours verront arriver au Parlement d'autres propositions de loi coercitives. "On se sent chaque jour un peu plus méprisés, un peu plus déconsidérés", regrette le gastro-entérologue, notant que les "attaques incessantes" visant la profession ont atteint "leur paroxysme". "Nous sommes entrés dans l'ère de l'humiliation", lâche Franck Devulder. "Stopper les heures supplémentaires" Réunis mardi soir, les six syndicats représentatifs des médecins libéraux ont décidé "à l'unanimité" de nouvelles actions "afin de se faire entendre du Gouvernement", rapporte le président de la CSMF. Ils appellent tous les médecins à "stopper les heures supplémentaires", c’est-à-dire les gardes, la participation au service d'accès aux soins (SAS), les samedis matins et les longues soirées au cabinet, et à manifester devant le Sénat le 14 février, jour de l'examen de la PPL Rist. Par ailleurs, ils demandent une "enveloppe additive" à l'Ondam de ville 2023 afin de financer les mesures tarifaires de la future convention dès cette année, refusent toutes les contraintes votées par le Parlement au mépris de l'équilibre conventionnel et exigent, enfin, une revalorisation à 30 euros de la consultation de base, sans "avoir à remplir telle case ou à prendre tel engagement", pointe Franck Devulder, en référence au "contrat d'engagement territorial" proposé par la Cnam. Un C à 28 euros maxi? Les syndicats, qui suspendent leur participation aux groupes de travail techniques des négos, se rendront toutefois porte de Montreuil la semaine prochaine pour écouter les propositions tarifaires de la Cnam, promises dans le cadre d'un nouveau round de séances "bilatérales" avec chaque organisation. "La Cnam se joue de nous, a taclé Franck Devulder. Voilà deux mois et demi qu'on a commencé, on est à quatre semaines de la fin et il n'y a pas un seul tarif sur la table", a-t-il pointé. En la matière, le gastro-entérologue n'a pas caché son scepticisme, laissant entendre que l'Assurance maladie n'envisagerait que 1.5 à 2 euros de hausse pour le C…
Une bien maigre contrepartie financière compte tenu des efforts réclamés aux médecins libéraux par les pouvoirs publics, pointe la CSMF. "A la CSMF, nous l'assumons, nous sommes inscrits dans une politique de droits et de devoirs, on a un engagement populationnel, a insisté Franck Devulder. Mais ce sont des droits et devoirs pour tout le monde." Le spectre des réquisitions pour assurer des gardes à l'hôpital Or, le pouvoir politique, plutôt que de reconnaître sa "responsabilité" dans la situation démographique actuelle et de renforcer "l'attractivité" de l'exercice libéral, multiplie les contraintes pour la médecine de ville, qui "assure déjà 80% des consultations", pointe le responsable syndical. Dernière en date : un amendement du Gouvernement à la PPL Rist, qui établit que les établissements de santé, "ainsi que les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les infirmiers diplômés d'Etat sont responsables collectivement de la permanence des soins" et que les libéraux "ont vocation à concourir" à cette "mission de service public". Autrement dit, traduit le président de la CSMF, des libéraux pourraient se voir réquisitionnés pour assurer des gardes dans les hôpitaux publics… Cette même PPL Rist risque de "dégrader de la qualité des soins", considère la CSMF. Si la confédération n'est pas opposée à la collaboration avec les IPA, notamment, celle-ci doit prendre place dans le cadre d'une "équipe traitante", avec le médecin traitant comme "chef d'orchestre". Par sa mobilisation, la profession pousse un "cri de colère", et lance "un appel à l'aide", souligne Franck Devulder. S'ils ne sont pas entendus, les négociations conventionnelles pourraient bien déboucher sur un règlement arbitral, prévient-il.
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