La semaine dernière, les syndicats de kinés révélaient que l’une des propositions majeures de la Cnam en vue du futur avenant 7 visait à conditionner l’accès au conventionnement des néo-diplômés en les soumettant à un exercice obligatoire dans une zone sous-dotée ou dans un établissement de santé ou médico-social pendant deux ans.
Après plusieurs mois de discussions, les négociations arrivent à leur terme… et elles sont loin de satisfaire l’ensemble de la profession. Dans un communiqué, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) a souhaité “rappeler sa préoccupation pour la qualité de l'offre de soins proposée aux patients”. Précisant que la situation de “pénurie” de professionnels de santé risque de s’aggraver dans les années à venir dans les territoires, il faut donc un “cap clair avec des propositions ambitieuses pour éviter les pertes de chance aux patients”, plaide le CNOMK.
Il propose notamment de former plus de futurs kinés, de s’appuyer davantage sur la rééducation car cela permet “de réduire les coûts en matière de prise en charge de patients”, de donner la possibilité aux patients de recourir directement à leurs kinés et enfin, d’élargir “les compétences des kinésithérapeutes pour soulager les médecins et libérer du temps médical”.
Dans son communiqué, l’Ordre regrette par ailleurs que la densité de kinés en France soit faible “comparée à d'autres pays d'Europe qui misent sur la kinésithérapie pour prendre en charge leur population” et que le zonage actuel de l’ARS, qui définit des zones sur-dotées dans lesquelles les kinés ne peuvent pas s’installer comment ils le souhaitent, soit trop éloigné de la réalité. “Il est à noter que personne n'a jamais déterminé le nombre nécessaire de professionnels de santé pour bien prendre en charge la population française et répondre à ses besoins de santé”, relève aussi le CNOMK dans son communiqué. “Tant que n'auront pas été évalués les besoins en kinésithérapie de la population, il est prématuré de limiter le nombre de kinésithérapeutes.”
Enfin, il se dit “très inquiet des difficultés économiques qui frappent les cabinets, conduisant à multiplier les actes et à épuiser les professionnels”. “Nous ne pouvons sacrifier les futures générations de kinésithérapeutes, qui pour beaucoup payent cher leur formation, en acceptant de les isoler dans des zones sous-dotées, ou dans des établissements de santé sans compagnonnage”, conclut-il, demandant au ministre de la Santé de “considérer à leur juste valeur les kinésithérapeutes essentiels dans un système de santé en souffrance qui nécessitera une refonte profonde”.
"Nombre d’étudiants remettront en question leur vocation"
De leur côté, les étudiants kinés ont, eux aussi, fait part de leur inquiétude. “La signature de cet avenant est dangereuse pour notre profession, menacée par celles et ceux qui prétendent en être membres et représentants. Les conséquences de cet acte seront sans précédent. Les auteurs et les signataires de ces mesures seront responsables de la fuite des futures générations étudiantes à l’étranger ou dans d’autres formations, impactant directement l’offre de soin sur le territoire. Nombre d’étudiants remettront en question leur vocation”, prévient la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie.
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