Déployé au mois de mai 2020, à la sortie du premier confinement, le contact-tracing a été l’un des principaux outils de lutte contre l’épidémie de Covid-19. Depuis cette date et jusqu’au mois d’août 2022, les services de l’Assurance maladie ont contacté au total 32 millions de personnes testées positives au Covid et près de 22,7 millions de cas-contact par téléphone, SMS ou mail, indique la Cour des comptes dans un audit flash, publié ce mardi. Pour mener à bien cette tâche titanesque, l’Assurance maladie a dû créer dans l’urgence un nouveau système d’information et mettre en place des plateformes départementales d’enquêteurs. Ceci, grâce au recrutement "de milliers de contractuels à durée déterminée, puis indéterminée pour stabiliser les effectifs et adapter continûment son dispositif", rapportent les Sages. Coût total du dispositif : plus de 600 millions d’euros, estiment les Sages, au titre des trois dernières années (2020, 2021, 2022), "dont un peu plus de 500 millions en interne et près de 110 millions d’euros pour la couverture de dépenses des ARS et de l’État".
Les effectifs consacrés au contact-tracing ont depuis été fortement réduits, compte tenu de l’évolution épidémique. De 6 500 équivalents temps plein de CDD-CDI en moyenne en 2021, on est passé à 350 en septembre 2022. Le dispositif doit en effet prendre fin au 31 janvier 2023, conformément à la loi du 30 juillet dernier, qui a mis fin aux régimes d’exception créés pour lutter contre le Covid. Son utilité se fait d’ailleurs moins évidente, soulève la Cour des comptes : "La vaccination devenue le principal instrument de lutte contre l’épidémie, alors que le contact tracing ne recense plus qu’une part réduite des personnes contact : moins de 0,5 en moyenne par personne positive en juillet 2022, contre près de 2,5 en novembre 2021." Quoi qu’il en soit, les Sages recommandent de procéder à une évaluation scientifique de son impact sur les chaînes de contamination afin de concevoir un dispositif plus efficace dans l’éventualité de nouvelles épidémies. Dans leur audit, les Sages déplorent en effet l’absence d’évaluation scientifique permettant d’estimer les effets du contact-tracing sur les contaminations et les hospitalisations. La Cour conclut ainsi à une "efficacité globale incertaine", d’autant que l’Assurance maladie ne serait parvenue à recenser "qu’une partie, potentiellement minoritaire, des personnes contact". "En moyenne, une personne dépistée positive sur deux ne lui a déclaré aucune personne contact en 2020 et en 2021." En outre, "les rares éléments d’analyse disponibles font apparaître un respect partiel par les personnes positives et par leurs contacts des consignes de prévention […] ce qui n’a pu qu’amoindrir l’efficacité" du dispositif.
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