Radiologie : bientôt la fin des produits de contraste en pharmacie

06/12/2022 Par Aveline Marques
Politique de santé
Le Budget de la Sécu 2023 permet aux radiologues d'acheter directement les produits de contraste, sans passage par l'officine. Les pharmaciens réclament une compensation de ce manque à gagner.
 

C'est une "sujet de dernière minute extrêmement contrariant" pour les pharmaciens. Dans la version définitive du PLFSS 2023 adopté par 49.3 la semaine dernière (article 49), le Gouvernement se donne la possibilité d'"arrêter les frais couverts par les rémunérations liées à l’acquisition et au fonctionnement des équipements lourds d’imagerie médicale", en particulier les produits de contraste. Un arrêté doit établir la liste dans les 4 mois suivant la promulgation de la loi. "Ce qui semble se dessiner, c'est que désormais les radiologues et d'autres professionnels, comme les dentistes par exemple, devront acheter les produits nécessaires à leurs actes, sans les prescrire aux patients qui viennent le leur rapporter", a expliqué Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats de pharmaciens d'officine (FSPF) lors d'un live tchat vendredi 2 décembre.    Injections multi-patients Objectif : réaliser des économies sur les dépenses de radiologie, en donnant la possibilité d'utiliser une même dose de produit pour plusieurs patients. "Dans tous les pays du monde, on fait des injections multi-patients, je préfère qu'on fasse des économies de cette façon plutôt que de façon absurde en baissant la valeur des actes", a commenté Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) dans Les Echos. Mais pour les pharmaciens, il y aura nécessairement une "baisse de rémunération officinale". "Il faut qu'elle nous soit compensée d'une manière ou d'une autre", insiste Philippe Besset. “Cette disposition vient priver, sans aucune information ni consultation préalable, le réseau officinal d’un chiffre d’affaires annuel estimé à environ 300 millions d’euros”, dénonce l’Union nationale des pharmaciens de France, dans un communiqué diffusé lundi soir pour s’opposer à la perte de ce “monopole”. “Est-ce aux pharmaciens de payer pour l’apaisement de négociations conventionnelles tendues entre les médecins et l’Assurance maladie ?”   "Coup fourré" Dans un communiqué diffusé ce mardi, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo) évoque "un coup fourré de la part du Gouvernement et de la Cnam", et se dit "scandalisée" sur le fond et sur la forme. "La méthode unilatérale utilisée par l’Etat est particulièrement irrespectueuse vis-à-vis des instances représentatives de la profession et du respect de la vie conventionnelle." Le syndicat fustige en outre "une décision ubuesque prise dans un contexte de tension d’approvisionnement, mais également de baisse des prix des produits de contraste due à l’arrivée des génériques."  "Ce qui est certain c'est que je n'entendrai plus des syndicats de médecins dire que l'on transfère des actes sans étudier la compensation financière des autres professions, ironise le président de la FSPF. Là clairement, c'est une pierre dans notre jardin. C'est quelque chose qui doit être corrigé." De son côté, l'Uspo n'y va pas par quatre chemins : "Si l’Assurance maladie voulait faire sortir les pharmaciens dans la rue aux côtés des autres professionnels de santé de la ville et de l’hôpital : elle n’aurait pas pu mieux s’y prendre."

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