Paiement à l’acte, blocage des transferts de tâches, gestion ubuesque de la démographie médicale, abandon de l’obligation de participation à la permanence des soins, les défaillances de la médecine libérale sont nombreuses aux yeux d’André Grimaldi, aboutissant à la situation dramatique actuelle où 8 millions de personnes, sans médecin traitant, n’ont d’autre solution que de se rendre aux urgences, au point de représenter environ 40% des passages dans celles-ci. Robert Debré avait dès 1973 perçu les manques de sa réforme de 1958 qui avait laissé de côté le suivi des patients chroniques et la santé publique au profit de l’émergence des hyperspécialités. « La santé publique aurait dû prendre en charge la réflexion sur la réforme du système de santé » écrit l’auteur. A défaut, les managers de la Fédération hospitalière de France ont pris les rênes, soufflant à l’oreille des décideurs politiques le virage néolibéral des années 1980-90. Et c’est ainsi qu’on en arrive au concept de l’hôpital-entreprise, dans un secteur déjà fragilisé par l’instauration des 35 heures. La T2A en est l’expression, qui conduit l’hôpital-entreprise à se concentrer sur les activités les plus rentables et à délaisser celles qui ne le sont pas, à commencer par la psychiatrie. Pour autant, l’hôpital restait sous contrainte budgétaire, avec un ONDAM limité à 2.3% en moyenne quand les besoins entraînaient une progression annuelle des dépenses de l’ordre de 4 à 4.5%. Et c’est ainsi que l’hôpital a abandonné certaines de ses missions tout en s’appauvrissant chaque année un peu plus. Fort de ce diagnostic, André Grimaldi présente 10 mesures pour sauver l’hôpital dont la première est de l’extraire de l’étau budgétaire avec un Ondam défini en fonction de l’augmentation des charges et des besoins. Deuxième mesure, réduire les actes et les examens inutiles (estimés généralement à plus de 20%) et supprimer les rentes, à commencer par celle de 7.9 Md représentant les frais de gestion des assurances santé complémentaires. Troisième mesure : sortir du « tout T2A » en limitant celle-ci aux activités standardisées programmées. Assurer à tous les niveaux une cogestion entre l’administration et les soignants, recruter et former 100.000 IDE, construire un service public de santé intégré ville/hôpital sont d’autres mesures de l’ordonnance du Pr André Grimaldi. Un programme pour un quinquennat mais surtout un livre à lire et à faire lire, au moins pour bien débattre de l’avenir de l’hôpital public. L’hôpital nous a sauvés : sauvons-le ! Pr André Grimaldi, Editions Odile Jacob, octobre 2022, 11,90€
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