Présentée en octobre dernier, la stratégie d’accélération "santé numérique" vise à faire de la France le leader européen en la matière. Elle porte pour cela une trentaine d’actions, financées à hauteur de 650 millions. Un "effort inédit", a souligné David Sainati, coordinateur interministériel de cette stratégie, lors de la conférence de presse de lancement du "Tour de France" visant à la fois à "aller à la rencontre des porteurs de projet" et à renforcer la "confiance" autour de la santé numérique, sujet d’inquiétudes tant pour les citoyens que pour les professionnels de santé.
De février à juin, neuf événements seront organisés partout en France, centrés chacun sur une action emblématique ou une thématique clé de la stratégie d’accélération santé numérique : imagerie, recherche, dispositifs médicaux numériques, financement de l’innovation (accès anticipé au remboursement), santé mentale, tiers lieux d’expérimentation de solutions numériques…
"Montée en compétence généralisée"
Le premier rendez-vous, consacré à la formation, s’est tenu mardi 1er février au PariSanté Campus. La formation est en effet en enjeu fort de la stratégie, doté d’un budget de 81 millions d’euros, visant à favoriser la nécessaire "montée en compétence généralisée" de l’ensemble des acteurs, soulignait Mathieu Faure, directeur de projet à la délégation de la Santé numérique, dans une interview accordée à Egora.
La première brique a été posée avec la rédaction d’un référentiel de compétences socles et transversales, qui sera intégré à l’ensemble des formations en santé. Un arrêté devrait paraître avant l’été 2022. Estimé à 28 heures de formation (et 2 crédits ECTS) intégrées au premier cycle, le module traitera des cinq sujets clés que sont la cybersécurité en santé, les données de santé, la communication (entre professionnels ou avec le patient), les outils numériques de santé et la télésanté. Des modules spécifiques à l’exercice de chaque profession viendront le compléter le cas échéant au cours des 2e et 3e cycles de formation. Objectif : "former 210 000 étudiants de 24 filières et 36 universités en trois ans", a précisé David Sainati. En parallèle, l’enjeu sera également de soutenir la formation d’experts en santé numérique (juristes, ingénieurs…). Un appel à manifestation d’intérêts a été lancé auprès des établissements pour financer cette transformation de l’outil de formation.
Les médecins formés aux bonnes pratiques de la télémédecine
Les professionnels de santé en exercice ne seront pas en reste. Le module santé numérique devra également être proposé en formation continue, précise le ministère. Le constat actuel est en effet celui d’une "faible demande de formation et d’une offre très limitée", a relevé Ali Zorghi, de la direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle. La "volonté politique forte", qui s’est manifestée dès 2019 par la définition de trois orientations prioritaires de DPC pour la triennale 2020-2022 (pertinence du recours à l’innovation numérique en santé, utilisation appropriée des outils informatisés de coordination, indication et bonnes pratiques en matière de télémédecine et télésoin), "n’a pas été suivie", a regretté Michèle Lenoir-Salfati, directrice générale de l’Agence nationale du DPC (ANDPC). Sur plus de 20 000 actions de DPC publiées au catalogue de l’agence, seulement 185 actions en 2020 et 249 en 2021 portaient sur la santé numérique ; respectivement, 2751 et 4119 inscriptions ont été enregistrées en 2020 et 2021, concernant pour moitié des médecins, surtout intéressés par la télémédecine, dans la foulée de l’avenant 6 à la convention médicale et suite au boom de cette pratique avec la crise sanitaire. L’ANDPC travaille aujourd’hui avec la délégation du numérique en santé sur une orientation prioritaire pour la triennale 2023-2025 en lien avec la stratégie d’accélération santé numérique.
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