"La Rosp ne mène à rien", estime la FMF qui défend un nouveau système de rémunération sur trois niveaux aux URPS

17/03/2021 Par Marion Jort
Elections URPS
A deux semaines des élections professionnelles, le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la Fédération des médecins de France (FMF) revient sur les axes forts du programme du syndicat, arrivé deuxième en 2015. Suppression de la Rosp, meilleure rémunération à l’heure, respect et sécurité des médecins… Elle appelle à donner concrètement aux médecins de vrais moyens pour exercer correctement au quotidien. Interview. 

  Egora.fr : La Fédération des médecins de France défend, dans le cadre des élections professionnelles, un acte “au niveau européen” sans toutefois définir de montant. Pourquoi ? Dr Corinne Le Sauder : Il ne s’agit pas un acte unique à 50, 60 euros mais un ensemble d’actes qui fait qu’on arriverait au niveau européen de rémunération. Nous proposons la déclinaison des actes en trois niveaux, qui permettent en effet d’avoir un taux horaire d’environ 200 euros, alors que nous sommes actuellement à 100 euros de l’heure environ. Nous avons réparti les choses de la manière suivante : le niveau 1, ce sont les consultations non-complexes ou à motif unique, le niveau 2, ce sont des consultations semi-complexes pour les diabétiques, hypertendus, les patients cholestérols par exemple. Et puis, le niveau 3, c’est vraiment des consultations spécifiques comme une prise en charge d’un nouveau patient en tant que médecin traitant, une prise en charge des patients handicapés, des consultations d’annonces. Ces trois niveaux, nous ne les avons pas forcément chiffrés pour l’instant, nous estimons que c’est un peu facile d’exiger tel montant pour tel acte. Nous nous intéressons plus à la valeur du taux horaire. L’important à retenir, c’est qu’on passe de plus en plus de temps en consultation, avec un niveau de complexité et de responsabilité qui augmente. Les patients arrivent de plus en plus avec des pathologies multiples et on voit beaucoup de pathologies chroniques. Les pathologies chroniques, justement, ne peuvent pas être traitées en 10 minutes, ni rémunérées à 25 euros. Il faut donc une rémunération plus importante, qui corresponde au temps passé ‘sans être à la minute’. Il faut valoriser la complexité, la durée et l’investissement des médecins. 

Quelle est votre position sur la rémunération au forfait ?
La FMF n’est pas très favorable aux forfaits. Nous refusons la Rosp, elle ne mène à rien. Il ne s’agit pas du tout d’une rémunération sur les objectifs de santé publique, comme elle le prétend. La preuve en est : le problème majeur de santé publique en ce moment, c’est le Covid… Et ce virus l’a, au contraire, complètement déstructurée. La Rosp ne nous reflète en rien, c’est un problème comptable. A nos yeux, c’est un caillou dans la chaussure de la revalorisation de l’acte. En plus, elle est complètement discriminatoire car seules 4 spécialités sur les 27 existantes, l’ont.  Vous mettez aussi en avant la création d’un vrai forfait structure ?
Ce forfait existe déjà. Mais il y a de plus en plus de contraintes et d’obligations pour en bénéficier. L’obligation majeure, à laquelle nous sommes totalement opposés, c’est qu’il faut être en structure, c'est-à-dire soit en MSP, soit en CPTS. Quand vous voyez le nombre de CPTS en France actuellement, ça veut dire quoi ? Que plus personne ne va toucher le forfait structure ? Ce forfait ne doit pas être en rapport avec l'organisation, puisque les CTPS et les MSP ont déjà un ACI. Il faut qu’on nous donne les moyens de pouvoir bien travailler. Je rappelle que les médecins isolés représentent 70% des médecins. Or, pour nous, un médecin solo n’est pas isolé. 

La FMF veut aussi faire reconnaître le risque inhérent à la pratique des médecins. Qu’est-ce que cela recouvre exactement ?
Oui, c’est très important, car il y a de plus en plus d’agressions. Il y a des agressions physiques, verbales… Et puis d’autres agressions auxquelles nous sommes moins sensibilisés : celles via les réseaux sociaux, les menaces, des appréciations déplacées sur des sites. Pour nous, c’est un véritable sujet de sécurité, d’autant qu’il peut mener au burn-out des professionnels de santé, qui s’en rendent souvent compte trop tard. Concernant les agressions physiques, nous aimerions que les cabinets soient mieux sécurisés, pouvoir assister à des formations expliquant par exemple comment calmer une personne qui s'énerve, comment faire en sorte de le sortir du cabinet. Pourquoi pas également un bouton qui permet de joindre directement la police.  Chose importante en ce moment, la FMF demande aussi à ce que le Covid soit reconnu comme un vrai risque pour les médecins. A ce jour, on ne reconnaît comme maladie professionnelle que les personnes qui ont été hospitalisées ou qui ont eu de l’oxygène. Or, on sait maintenant que même ceux qui n'ont pas été hospitalisés à cause de ce virus, peuvent développer des conséquences gravissimes derrière. D’autant que souvenez-vous : il y a un an, nous exercions sans masque.

Quel bilan tirer depuis la dernière élection ? Nous avons eu une belle représentativité au niveau des médecins généralistes et spécialistes. Cela nous a permis de siéger au niveau de la convention et de pouvoir dire ce qu’on avait à dire. Nous étions les... premiers signataires de la dernière convention, car beaucoup de choses étaient positives dans ce qui nous avait été promis… Et maintenant qu’on fait le bilan, ce n’est plus si bien ça. Nous ne demandons qu’une chose : c’est de refaire une nouvelle convention. Les URPS sont polysyndicales et en tant que syndicat polycatégoriel, nous avons été dans quasiment tous les bureaux. On a fait du travail en commun avec les autres syndicats et je suis pour qu’on avance tous ensemble car c’est là que nous aurons une force. Ce n’est pas en se détruisant ou en tirant les choses pour nous qu’on y arrivera. Enfin, il ne faut pas oublier les autres professions. Par exemple, je suis secrétaire générale de l’URPS Centre-Val de Loire et nous avons une fédération des URPS avec tous les professionnels de santé, on fait du bon travail avec eux et ça permet de faire avancer pas mal de chose comme pour les soins coordonnés, la mise en place de beaucoup de structurations organisationnelles au niveau des territoires du Centre-Val de Loire.  La FMF était très incarnée par le Dr Jean-Paul Hamon. C’est un challenge de faire aussi bien aux URPS sans lui ?
On a des idées à la FMF, et nous en avons toujours ! Elles sont porteuses et ambitieuses. Aux URPS, on ne vote pas pour un syndicat mais pour les idées qu’il défend. Nos idées ont encore progressé depuis cinq ans et nous avons réussi à valoriser notre travail sur les libéraux. Et puis pour finir, notre équipe s’est rajeunie et est très mobilisée, avec de belles idées.  L’intégralité du programme de la FMF à retrouver dans notre article :  Suppression de la Rosp, revalorisation du C, respect des médecins : ce que la FMF va défendre aux élections URPS    

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