La violence vers les médecins est devenue "banale", la majorité ne porte pas plainte
"Nous sommes face à une évolution inquiétante de la société : aujourd’hui, chacun revendique ses droits mais ne veut pas avoir de devoirs. Les insultes et menaces sont devenues si banales que les médecins sont souvent dissuadés par la police de porter plainte quand ils en sont victimes. Or, même verbale, une agression peut être traumatisante ! C’est pourquoi nous insistons pour que nos confrères fassent appel à leur conseil départemental de l’Ordre en cas de violence : nous leur apportons systématiquement notre soutien. Il faut porter plainte pour que les autorités prennent la mesure du problème", plaide le Dr Hervé Boissin coordonnateur de l’Observatoire de la sécurité des médecins dans le bulletin de l'Ordre. Le dernier rapport de l’Observatoire recense 1 084 actes de violence envers des médecins en 2019, soit 30 % de plus que la moyenne des quinze dernières années. C'est toutefois en baisse par rapport à 2018 où 1126 actes de violence avaient été enregistrés.
Si 71 % de ces incidents ont eu lieu en ville, on note une forte progression en milieu rural : 228 cas, contre 136 en 2017. La plupart sont le fait de patients, qui n’hésitent plus à faire éclater leur colère face à un refus de prescription, un temps d’attente jugé excessif ou une prise en charge qui ne correspond pas à ce qu’ils ont lu sur Internet.
Les médecins généralistes sont les plus concernés par cette montée de violence (70 %), suivis par les psychiatres, les ophtalmologues et les dermatologues. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le fait d’être entouré de collègues ne change rien : 63 % des praticiens agressés en 2019 disposaient d’un secrétariat, et 25 % travaillaient en établissement de santé. En 2019, 7% des agressions ont donné lieu à des arrêts de travail. Pourtant seuls 31% des médecins agressés ont déposé plainte. 59% des victimes ne déposent ni plainte, ni main courante.
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