C’est un article publié le 18 juin dans le Parisien qui a fait monter le SML au créneau. Dans les colonnes du quotidien, des soignants racontent qu’ils n’ont toujours pas été payés par l’Agence régionale de santé pour les vacations réalisées dans des centres Covid en pleine épidémie. L’une d’entre eux, Jennifer, infirmière libérale et mère de jumeaux, dénonce : “C’est incroyable que trois mois plus tard, on n’ait toujours pas été payés d’un centime, il y a pourtant un contrat. Je peux comprendre qu’il y ait un peu de retard. Mais moi, j’ai quand même dû payer sans attendre la nounou et la crèche”. Pour le président du syndicat des médecins libéraux (SML), Philippe Vermesch, cette situation est “scandaleuse”. “Des professionnels de santé se sont démenés, sont allés au front, et aujourd’hui, l’administration n’est pas fichue de faire le minimum”, s’indigne le praticien. Le syndicat a ainsi lancé une consultation, sous forme de sondage, à destination de ses adhérents pour “recenser les mauvaises pratiques des ARS qui n’auraient pas payé les médecins, afin de les dénoncer”. Le SML a également interpellé le ministre de la Santé, le sommant “d’imposer à l’ARS d’Ile-de-France de verser immédiatement ce qu’elle doit aux médecins libéraux”.
“Pas un rond” Contactée par Egora, l’ARS Ile-de-France indique que l’article du Parisien ne “reflète pas la relation étroite que l’ARS Ile de France entretient avec les centres ambulatoires Covid et notamment le centre de Nogent, dans le cadre de la procédure de rémunération des professionnels de santé mobilisés”. Elle assure par ailleurs que “la moitié des professionnels intervenants dans ces centres” ont déjà été payés. L’Agence reconnaît toutefois un retard...
lié aux divers documents (relevés d’activité, fiches de vacations) qui ne sont pas tous encore parvenus à l’ARS, mais “les financements sont assurés dans les plus brefs délais sitôt que ces informations sont traitées”, assure-t-elle. Au total, des conventions spécifiques ont été élaborées “en urgence” pour environ 200 centres ambulatoires Covid dans la région. C’est le cas notamment des centres de Limeil-Brévannes et de Mandres-les-Roses (Val-de-Marne), montés le 25 mars par le Dr Barbara Chavannes et d’autres confrères. Ces structures ont été fermées le 1er juin car après un “très gros pic d’activité pendant les trois premières semaines, il y a eu, dès fin avril début mai, une nette baisse d’activité liée à la multiplication du nombre de centres dans le Val-de-Marne et la diminution du nombre de cas”, explique la généraliste. Pourtant, près d’un mois après la fermeture, les soignants impliqués dans ces centres n’ont toujours pas perçu “un rond”, déplore le Dr Chavannes. “Heureusement, nous avions l’appui du SAMI [Service d'Accueil Médical Initial, ndlr] et nous avons reçu une aide de la région qui a permis de régler une partie des factures. Mais on attend pour régler le reste et pour payer les médecins, les infirmières, les kinés, les secrétaires…”
“Lourdeur administrative” Très impliquée dans l’organisation et le fonctionnement de ces deux centres Covid, Barbara Chavannes a fait face à une importante baisse d’activité dans son cabinet. Elle s’estime “chanceuse” d’avoir toutefois pu bénéficier d’une compensation de perte de revenu de l’Assurance maladie. “J’ai perçu une somme qui ne correspond pas à ce que j’aurais dû gagner en temps. On est peut-être à la moitié de ce que j’aurais dû gagner. Si j'avais reçu les financements de l’ARS plus tôt, ça aurait été probablement plus facile”, explique-t-elle. Selon le Dr Philippe Vermesch, l’ARS a accéléré les procédures de paiement...
depuis leur alerte, “mais il fallait le faire avant” déplore-t-il. Si le Dr Chavannes est persuadée que l’ARS n’a pas fait preuve de mauvaise volonté, elle note toutefois que “le temps administratif n’est pas le temps médical”. “Nous, nous avons été très réactifs, mais on est toujours frappés par la lenteur administrative derrière”, témoigne-t-elle. Une critique largement partagée par de nombreux soignants, en particulier lors de cette crise sans précédent. Pour le président du SML, les multiples strates administratives, caractéristiques du système français, plombe le système. Également mobilisée dans un centre Covid, cette fois à Taverny, le Dr Thirion, constate également que “l’ARS au niveau administratif a été clairement débordée”. Cette dernière indique toutefois que les paiements devraient arriver ces jours-ci pour les médecins, après seulement quelques cafouillages. Au-delà de cette problématique des paiements, le rôle de l’Agence régionale de santé dans le crise sanitaire est remis en cause. Le Dr Thirion déplore de ne pas avoir eu assez de matériel (masques, surblouses…). “C’est arrivé, mais on était déjà dans le centre depuis plusieurs semaines. On a dû se débrouiller tout seul. On était de la chair à canon”, lance-t-elle. “Je pense que l’ARS est trop éloignée du terrain, dénonce de son côté le Dr Chavannes. Ce sont les professionnels de santé de ville qui se sont organisés seuls en s’appuyant sur des CPTS ou en se contactant les uns, les autres. L’ARS nous a aidés pour les protocoles mais le reste, c’est venu du terrain.”
Si les données d’activités des centres Covid d’Ile-de-France ne sont pas encore toutes remontées, des enquêtes menées en avril sur un tiers des centres ont permis de mesurer une fréquentation moyenne d’environ 30 patients par jour par centre, note l’ARS. Près de 200 centres n’ont d’ailleurs pas encore fermés malgré le fait que l’épidémie marque le pays sur le territoire. L’ARS précise que ces centres ont été répertoriés en trois catégories et que le mode d’indemnisation était au choix. Il existe les structures dites “ad hoc Covid”, créées spécifiquement pour la crise, où l’indemnisation se faisait à la vacation. Dans les structures préexistantes avec accueil de nouveaux professionnels, la tarification était à l’acte ou au forfait. Et dans les structures préexistantes sans accueil de nouveaux professionnels, il s’agissait d’une tarification à l’acte. Par ailleurs, le montant total financé pour ces centres sera évalué “à l’issue de la crise, dans le courant de l’été”, indique l’ARS Ile-de-France. Cela représente plusieurs millions d’euros.
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