Les trois-quarts des étudiants en pharmacie veulent maintenir l'homéopathie à la fac

19/07/2019 Par Yvan Pandelé
Pharmaciens
Le syndicat des étudiants en pharmacie vient de publier les résultats d'un sondage national : il montre que près des trois-quarts (73 %) d'entre eux jugent que l'homéopathie a toujours sa place à l'Université. La caractère obligatoire ou non des cours d'homéopathie est en revanche bien plus débattu.

  L'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) vient de réaliser un sondage auprès des étudiants de pharmacie sur tout le territoire.* Avec 3361 réponses (soit 1 étudiant français sur 10), il permet d'avoir un panorama des opinions estudiantines sur l'utilité de l'homéopathie à l'Université. Et le résultat est clair : les trois quarts des répondants (73 %) estiment que l'enseignement de l'homéopathie a toujours sa place dans les facultés de pharmacie.

 Source : L’enseignement de l’homéopathie dans les études de pharmacie, Anepf, juillet 2019.

Les défenseurs de l'homéopathie à l'Université sont quasi-unanimes (89 %) à considérer qu'elle devrait être réservée aux étudiants de la filière officine, à l'exclusion des pharmaciens se destinant à la recherche ou l'enseignement. (Les étudiants de pharmacie se spécialisent en 4e année : la grande majorité optent pour l'officine, d'autres pour un parcours industrie/recherche, et une minorité pour l'internat, avec une carrière universitaire à la clé.) Seuls 18 % préconisent un enseignement en tronc commun. Enseignement obligatoire ou facultatif ? Les étudiants favorables au maintien de l'homéopathie en faculté de pharmacie sont en revanche très partagés sur la place à lui accorder dans les programmes. Ils sont 45 % à estimer qu'elle devrait figurer à la fois dans les enseignements obligatoires et facultatifs, tandis que 38 % souhaitent la circonscrire aux enseignements facultatifs (DU/DIU ou UE libre) et que les autres (17 %) considèrent qu'elle devrait figurer au seul programme obligatoire. Les étudiants qui souhaitent à la fois un enseignement obligatoire et facultatif "estiment que l’homéopathie doit être abordée succinctement au cours de nos études afin d’avoir des notions de base sur cette thérapeutique" analyse l'Anepf, en se fondant sur le volet qualitatif de l'enquête. "En effet, elle existe et est disponible en pharmacie mais un enseignement plus poussé doit être permis pour les étudiants motivés et intéressés."

Quelle que soit leur position, tous les répondants s'accordent à reconnaître l'importance de la demande du grand public. "L’homéopathie répond à un besoin de la population et restera utilisé en officine. Malgré le manque de preuves, le pharmacien doit connaître le sujet en surface pour tout le monde (…) ce qui implique un enseignement obligatoire. L’enseignement peut être vu en détail pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage", indique ainsi un étudiant marseillais de 3e année, mentionné à titre d'exemple. Remplacer l'homéo par des cours sur l'effet placébo Chez la minorité d'étudiants opposés à tout enseignement de l'homéopathie (27 % du total), l'argument majeur a trait au service médical rendu insuffisant (mentionné par 61 % d'entre eux). "Les étudiants y voient une forme de 'charlatanisme' prônant l’indication thérapeutique de formes pharmaceutiques qui sont dépourvues d’efficacité par rapport à un placebo, au détriment de thérapies à bon SMR. Cet enseignement irait donc à l’encontre de l’éthique et du serment de Galien", analyse l'Anepf. Les arguments à l'encontre de l'homéopathie à la fac sont nombreux : certains y voient un problème de santé publique majeur, estimant que l'homéopathie retarde la prise en charge conventionnelle et favorise l'automédication. D'autres craignent que l'enseignement ne décrédibilise les études de pharmacie en apportant une légitimité et crédibilité scientifique indue à cette pratique, alimentant au passage la méfiance vis-à-vis de la science biomédicale (antivax). Dernier élément mis en avant par les anti-homéopathie à la fac : le temps pédagogique ainsi économisé pourrait être mis à profit pour aborder les prises en charge intégratives de façon rigoureuse. "Ils sont notamment demandeurs de cours sur l’effet placebo, ou encore l’écoute active, pour aller dans le sens d’une prise en charge humaine du patient, et une médecine personnalisée", résume le syndicat. "Ils demandent également des heures d’enseignement sur le développement de l’esprit critique afin de se faire son propre avis sur cette discipline."   * Sondage réalisé du 11 juillet au 14 juillet 2019, par questionnaire auprès de 3361 étudiants en pharmacie français, par différents canaux : mailing au sein du réseau de l'Anepf, réseaux sociaux et forum interne du site de l'association.

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