Agnès Buzyn s'est exprimée mardi 21 mai devant la commission de l'Aménagement du territoire du Sénat, à l'occasion de l'examen du projet de loi de santé devant la chambre haute. L'occasion pour la ministre de défendre son action sur la question des déserts médicaux, face à des élus de plus en plus impatients , et d'expliquer les contraintes qui guident sa politique. "La désertification médicale est un problème mondial : il n'y a pas un pays aujourd'hui qui ne rencontre pas le manque d'attractivité des territoires ruraux pour les médecins", a indiqué la ministre, évoquant l'assemblée générale de l'OMS dont elle venait de rentrer. "Le directeur général de l'OMS hier (…) a annoncé le chiffre suivant : il va manquer dans les cinq ans 12 millions de professionnels de santé à travers le monde." Face à cette pénurie, la concurrence s'organise. "Aujourd'hui, nous sommes face à un dumping des pays les plus riches vis-à-vis des pays les moins riches, sur les médecins notamment", a-t-elle poursuivi. "Les médecins africains sont attirés par l'Europe de l'Est, les médecins d'Europe de l'Est vont vers l'Europe de l'Ouest, les médecins d'Europe de l'Ouest vont vers le Canada. Aujourd'hui, on offre 100 000 dollars par mois aux médecins canadiens pour s'installer dans les territoires les plus reculés du Canada."
Et la ministre de réaffirmer son opposition aux mesures de régulation à l'installation. "Face à un dumping qui va s'aggraver dans les années qui viennent, le seules solutions sont des solutions d'attractivité", a défendu Agnès Buzyn. "Et je ne parle même pas des offres financières faites par l'Allemagne aujourd'hui vis-à-vis de nos infirmières. Tous ceux qui vivent aujourd'hui en zone transfrontalière savent très bien quel est le dumping financier." Seules solutions pour lutter contre cette jungle concurrentielle, d'après la ministre : un exercice professionnel "confortable", c'est-à-dire "regroupé, coordonné, collaboratif", à l'instar de ce que demandent les jeunes médecins. Avec un accent sur la délégation de tâche : assistants médicaux, infirmiers de pratique avancée, communautés pluriprofessionnels de territoire (CPTS)... Autrement dit : offrir aux médecins ce qu'ils souhaitent, sous peine de les voir fuir à l'étranger. Simple question d'offre et de demande.
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