Fermeture de maternités : Agnès Buzyn propose "un pack de services" pour compenser
"Aucun service d’accouchement n’est fermé pour des raisons financières, nulle part en France", tient à rappeler Agnès Buzyn, dans une tribune parue ce jour dans l'ensemble de la presse quotidienne régionale. Echaudée par une semaine de débats houleux à l'Assemblée nationale autour de son projet de loi de santé, la ministre cherche à déminer le terrain avant l'examen du texte au Sénat, prévu en mai. Elle justifie notamment le rejet systématique des (nombreux) amendements restreignant la liberté des installations : "En réalité, répartir la pénurie de médecins est impossible : il manque des médecins dans toutes les spécialités et tous les territoires", martèle Agnès Buzyn. "Ma priorité, c'est que nous augmentions à court terme le temps médical disponible à nombre de médecins constant", insiste la ministre. Et de défendre les délégations aux infirmières et pharmaciens, ainsi que le financement de 4000 postes d'assistants médicaux. Reste l'épineuse question des fermetures de petites maternités, devenue ces derniers mois "un emblème de l'accès aux services publics dans les territoires". "Partout où la présence suffisante de pédiatres, gynécologue-obstétriciens, sages-femmes et anesthésistes permet de garantir la sécurité des mères et des enfants, nous maintenons les accouchements dans les maternités locales", assure la ministre. "Quand ce n'est pas le cas, elles sont transformées en centres de périnatalité, dans lesquels les femmes continuent de bénéficier des soins de suivi de la grossesse jusqu'à l'accouchement et juste après." "Consciente qu'accoucher un peu plus loin de chez soi peut être source d’angoisse", Agnès Buzyn annonce la généralisation en 2019 d'un "pack de services 'engagement maternité' garanti pour chaque femme dont le domicile se trouve à plus de 30 minutes d'une maternité". Seront ainsi remboursés par l'Assurance maladie le transport "sécurisé" en vue de l'accouchement, l'hébergement hôtelier des femmes et de leur familles près de la maternité "quelques jours avant le terme de la grossesse si elles le souhaitent", et "toutes les consultations de la grossesse à domicile ou non suivant les besoins de chacune". La ministre de la Santé mise en parallèle sur les sages-femmes pour sécuriser les grossesses de ces femmes. "Pour éviter les risques liés à un accouchement inopiné, une permanence de sages-femmes sera mise en place dès 2019 dans tous les territoires éloignés", annonce-t-elle. "L'équipement nécessaire sera systématiquement disponible et une sage-femme libérale formera localement les professionnels du Samu à ce type d'intervention."
Dans une tribune parue ce jour dans Le Figaro, le Pr Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, plaide pour que le volume d'activités des maternités ne soit pas le seul critère pris en compte dans la décision de maintien d'une maternité. Rappelant qu'être à plus de 45 minutes de déplacement double la morbidité et la mortalité périnatales, le spécialiste souhaite que la qualité des soins soit mesurée, comme à l'étranger. "Qualité et sécurité" sont "conditionnées entre autres par les effectifs disponibles", "mais pas uniquement", insiste-t-il. "Une maternité, fût-elle petite, dont la tutelle déciderait de mettre les moyens nécessaires et qui aurait de bons indicateurs ne devrait pas fermer", juge le Pr Nisand. Mais il "faudra, hélas, encore fermer d'autres maternités par manque d'obstétriciens".
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