Femmes médecins : une tribune appelle à briser le plafond de verre du monde hospitalo-universitaire
"Vous avez quand même trois points noirs dans votre dossier." Cette femme médecin, aujourd'hui PU-PH, n'est pas près d'oublier la réflexion que lui a lancée son chef de service, alors qu'il l'accompagnait à la commission de recrutement des MCU-PH. Car ces "trois points noirs" n'étaient autre que ses trois enfants. Une anecdote, rapportée par Le Monde, qui témoigne de la difficulté des femmes médecins à avancer dans leur carrière hospitalo-universitaire. "Les chiffres parlent d'eux-mêmes", constate un collectif de médecins qui appelle le Gouvernement "à prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser une accession satisfaisante des femmes aux postes hospitalo-universitaires". En effet, alors que la profession sera bientôt majoritairement féminine (54% des 35-50 ans sont des femmes), seuls 18% des postes de PU-PH sont occupés par des femmes. Et sur 366 nominations en 2017 et 2018, 28% seulement concernaient des femmes (38% des nominations MCU-PH).
"Dans certaines disciplines, l’écart de nomination entre les hommes et les femmes est particulièrement marqué", souligne le collectif, citant notamment l'anesthésie, la médecine intensive-réanimation, la psychiatrie, la rhumatologie, la médecine interne, la gastro-entérologie et l'hépatologie, la chirurgie et la gynécologie-obstétrique. A l'AP-HP, les femmes occupent ainsi 49% des postes de praticiens, mais seulement 15% des postes de PU-PH. Une proportion qui tombe à 7% dans les spécialités chirurgicales. Les 12 présidents de CME locales "sont tous des hommes", déplore encore le collectif. La situation n'est guère meilleure du côté des facultés de médecine : si certaines facs ont instauré une parité dans les instances de gouvernance, 32 des 37 doyens sont des hommes. Comment expliquer cette domination masculine ? Le collectif avance plusieurs pistes d'explications : "autocensure des femmes vis-à-vis de ces carrières", "temps nécessaire, y compris sur le temps familial, pour les publications scientifiques", "obligation de mobilité (au moins un an, souvent en dehors du territoire national)", ou tout simplement "reproduction inconsciente et collective du schéma masculin prédominant à l’université". Pour Cécile Badoual, PU-PH anatomopathologiste à l'HEGP (AP-HP), "la grande complexité dans la carrière réside avant tout dans le fait d’être mère". "Qu’on soit un homme ou une femme, il faut travailler comme un cinglé, mais il y a la réalité de la mère de famille et, pour cela, on n’a pas de points en plus, pas de cadeau", témoigne celle qui pendant des années a travaillé de 8 heures à minuit en faisant sans cesse l'aller-retour entre Paris, son domicile familial, et Tours, où elle faisait son internat. "Il faut être épaulé, avec une structure familiale qui vous soutient, sinon on n’y arrive pas." Pour les signataires de la tribune, il est également important que "la visibilité scientifique des femmes dans les disciplines médico-chirurgicales soit accrue par les invitations à présenter leurs résultats ou animer des débats scientifiques ou médicaux, par la reconnaissance de leurs idées, et par le soutien des pairs". [avec Lemonde.fr]
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