Après les accusations portées par Nicolas Hulot sur l'influence des lobbys dans les plus hautes sphères du pouvoir, Libération a passé en revue les secteurs où les groupes de pression sont les plus actifs. Parmi ceux-ci, l'industrie pharmaceutique et l'alcool, Agnès Buzyn ayant réussi à tenir bon face au lobby du tabac et de la malbouffe. Ainsi, relate le quotidien, le président de la République a reçu le 9 juillet, à l’Elysée, les représentants du très discret Dolder Group, "une structure terriblement opaque qui regroupe le gotha de la pharmacie mondiale venue à Paris pour un forum privé, dont les échanges restent secrets". Car le lendemain, le 10 juillet, se tenait le Conseil stratégique des industries de santé sous la présidence d'Edouard Philippe, qui devait traiter des enjeux économiques liés aux médicaments de demain. Or les industriels ont une demande récurrente : accélérer la mise sur le marché des nouvelles molécules. Et c'est ainsi que dès le 10 juillet, le Premier ministre a annoncé des mesures de simplification des délais administratifs imposés aux nouveaux médicaments. Une initiative "logiquement saluée par le syndicat de l’industrie pharmaceutique, le LEEM". Interrogé par France Info, le pharmacologue Alain Astier commentait ce "cadeau", relavant que notre pays était déjà "l’un des pays dans lequel l’accès aux nouveaux médicaments est plus facile". A noter qu'un peu plus d’un an auparavant, le 1er octobre 2016, le patron d’En marche, pas encore officiellement candidat à la présidentielle, mais en recherche de financements pour sa campagne, avait fait le déplacement à Chamonix au (petit) Davos français des labos pharmaceutiques. Il y avait déclaré que notre "système [de soins] existant est surcontraint" et qu'il fallait le rendre "plus souple, plus adaptable, pour mieux intégrer l’innovation dans notre paysage". En matière d'alcool, les influences sont encore plus claires, relève Libération, puisqu'on note, au poste de conseillère agriculture du président, la présence d'Audrey Bourolleau, ancienne déléguée générale de Vin et Société, une instance de lobbying du vin. Or, alors que la lutte contre l'alcoolisme figurait parmi les priorités de santé publique du candidat Macron, avec la lutte contre le tabagisme et la mauvaise alimentation, c'est le statu quo de ce côté. Les raisons de cet immobilisme ? "Allez chercher à l’Elysée", répète-t-on de façon insistante dans le milieu de la santé publique, rapporte le quotidien, qui relève que sur ce sujet, Macron s’est toujours montré constant. D’abord quand il était à Bercy où il a porté des amendements pour permettre plus de publicité sur l’alcool, ensuite à l’Elysée où il ne s’est pas caché de sa position. "Tant que je serai président, il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Evin", a ainsi lâché le chef de l’Etat le 22 février, en marge du Salon de l’agriculture. "Moi, je bois du vin le midi et le soir. Je crois beaucoup à la formule de Pompidou : "N’emmerdez pas les Français !" avait-t-il lâché, obligeant Agnès Buzyn à manger son chapeau sous la risée du corps médical. Autre exemple : le 27 juin à l’Elysée, le lobby de l’alcool a proposé d’apporter pour la première fois son obole à un plan de santé publique en finançant la prévention de l’alcoolisme. Les producteurs et négociants de vins, spiritueux et bières offrant ainsi près de 5 millions d’euros pour aider pendant quatre ans des actions de prévention contre la dépendance à l’alcool. "Allons donc, c’est une escroquerie. Leur objectif est d’empêcher toute politique de prévention efficace, a réagi un collectif de spécialiste en addiction. On attend toujours un vrai plan contre l’alcoolisme." [Avec Libération.fr]
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